J’avais une  famille près du port.
Souvent, miné par leurs propos, l’âme en peine, me demandant si j’étais normal, 
je déambulais sur le boulevard puis sur les quais, je traînais au milieu des bateaux amarrés où l’odeur de poisson, d’iode, de pisse et de tabac m’enivrait.
Souvent passant près des vieux gréements, j’imaginais dans leurs cales, milles orgies, dans des cabines, femmes lascives offertes au capitaine, moussaillons, l’œil collé à la serrure ne ratant rien, provision de bonheur avant la pêche au large, là-bas près de Terre-Neuve où les seules femmes seraient celles que leurs esprits leur montreraient, suspendues aux gréements, dansant parmi les drisses, lovées dans la voilure, à califourchon sur le bastingage…
La bite dans le saindoux ils rêvent à leurs gros seins et croupes accueillantes.
Je rentrais, sifflotant, heureux d’avoir marché, montais les escaliers. Ils étaient là, comme je les avais laissé, devant le téléfilm, ou encore « Thalassa »…
Me jetant un regard, je leur disais, d’un air entendu:
 » je suis allé respirer l’air du large ». 
Et dans ma tête ça sentait la chatte, le cul, la transpiration, l’herbe de Colombie, et le latex rose.  

CK  art©flechemuller