Un peu à la bourre en lisant un vieil hebdo chez mon dentiste, j’apprends, en préambule d’autres souffrances, la disparition à l’age de 68 ans de l’écrivain James Crumley.books_feature-11770

Dans mes vingtaines glorieuses (redorons le passé !) la découverte du concept du Loser Magnifique a considérablement comforté ma paresse naturelle. De Richard Brautigan à Paco Ignacio Taibo, chaque livre qui me tombait dans les mains avaient pour héros des types à coté de leur pompes, fantaisistes, sensibles, mais aussi tétus, courageux et volontaires, bref des anti-héros qui n’en devenaient que plus attachant.

James Crumley, un débonnaire américain moustachu du Montana a créé Milo Milodragovitch et C.W Sughrue, deux détectives comme on les aime qui mettaient des amphét’ dans leurs cornflakes sans vraiment se soucier de leur coupe de cheveux ni de leur Tshirt de la veille. Les bouquins de Crumley sont des merveilles de fantaisie voire de déjentage complet, on vous recommande surtout Fausse Piste et Le Dernier Baiser dont voici les premières lignes:

Quand j’ai finalement rattrapé Abraham Trahearne il était en train de boire des bières avec un bouledogue alcoolique nommé Fireball Roberts dans une taverne mal en point juste à la sortie de Sonoma, en Californie du Nord ; en train de vider le cœur d’une superbe journée de printemps. Trahearne en était à près de trois semaines de foire et de ballade, et avec ses fringues kaki toutes fripées, le grand homme ressemblait à un vieux soldat au bout d’une longue campagne qui essaierait de faire durer ses bières pour faire passer le goût de mort qu’il avait dans la bouche (…).