Chez certains, la pratique du No Kill intervient suite à une réflexion d’ordre humanitaire, ou bien écologique ou encore mystique. Chez moi, ce fût le résultat d’une répulsion pour les truites. Etrange, me direz-vous et pourtant la raison en est fort simple.

J’abordais ma quinzaine d’année avec assurance et discipline, lorsque, mal conseillé, je me retrouvais un beau jour, une canne à pêche à la main au bord d’une rivière dont, par pitié, je tairais le nom. L’idée que des poissons puissent hanter ce cloaque ne m’avait pas effleuré; aussi, lorsque j’en retirai une jolie truite fario, j’en fût tout esbaudi.brooktrout_image3

N’ayant jamais vu de ma vie de truite fario, ma surprise fût totale. En détaillant l’animal avec une curiosité d’adolescent, je remarquais un grand nombre de points rouges, que j’attribuais immédiatement à des boutons d’acné. (J’avais alors quinze ans, dois-je le rappeler, âge où ce genre de décor facial est souvent un cauchemar.)

Donc, fort dégoûté par ce que je prenais pour une maladie de peau de l’animal, je me dépêchais de la remettre à l’eau. Cette pratique de rejeter ces truites que je croyais, dans mon innocence, malades d’acné, me devint familière. Une sorte de seconde nature. De sorte qu’aujourd’hui je balance à la flotte absolument toutes mes prises, à part Wakako, jolie japonaise que je pris il y a cinq ans à l’oreille gauche avec une sulfure numéro 18 et Roberta, jeune autrichienne, que je harponnais l’été dernier sur le somme t du crâne avec un streamer orange numéro 8.prt030