Parfois, au Mouching, nous laissons tomber nos cannes à pêche et nous plongeons alors dans ce qui nous anime, ce qui nous permet de vivre et nous fait aller de l’avant. Il est alors facile d’énumérer les diverses activités qui nous permettent de survivre loin de l’eau. Dans le désordre : cuisine, musique, amour, peinture, poésie, douceur, cinéma, voyages, littérature. La littérature, nous nous y plongeons comme nous le ferions dans la mer quand la chaleur rend l’air insupportable. Hier à la nuit, alors que la lune était presque pleine et que les toits gris luisaient sous la pluie, je me suis laissé couler dans White Noise, j’ai nagé à travers les chapitres comme s’il s’agissait pour moi de survivre, j’ai été drossé par les rouleaux, porté par les flots et finalement je me suis réveillé sur la grève, plus humain que jamais.

« C’est hier, dimanche, que j’ai trouvé le téléphone portable sous la bruyère. A côté de la femme qui dormait pieds nus. Depuis des années que je parcours inlassablement cette forêt, des années où il ne se passe jamais rien. Jusqu’à hier, dimanche. »

Ainsi débute « White Noise »  l’histoire de Pablo, jeune homme dont la vie bascule à la suite de cette découverte, un dimanche pas comme les autres. Le Bruit Blanc est le son produit par une radio lorsque les stations sont déréglées. Un phénomène totalement aléatoire, comme l’histoire de Pablo, racontée par lui-même; une histoire de solitude, de tendresse, de violence, de forêt centenaire, de soupçons, de policiers, de garde à vue. J’ai trouvé ce roman absolument fascinant, surtout par la capacité de l’auteur à se mettre à la place d’un héros qui ne parle pas. Merveilleusement écrit, intrigant et poétique, je l’ai lu d’une seule traite. C’est le mélange d’un amour maternel désespéré, sous-tendu par une inquiétante intrigue policière. Je ne sais pas si c’est un excellent  « Série Noire » ou un roman sur les relations d’amour entre une mère et son fils autiste, même si le mot n’apparaît pas.

White Noise écrit par Yolaine Destremau9782355930621