Chaque matin, je descends les escaliers quatre à quatre, je prends le courrier dans la boîte aux lettres et suivant le temps qu’il fait, je sifflote en trainant sur le trottoir côté soleil ou je me précipite dans le bus N° 63 pour faire les 600 mètres qui me séparent de mon arrivée. Ce jour là, j’ai saisi dans la boîte aux lettres un grosse enveloppe, je l’ai immédiatement reconnue, sous mes doigts, rien qu’à son poids, je savais ce que c’était. Dehors il pleuvait des cordes, les giboulées de Mars, j’ai vu les phares du bus et j’ai sauté dedans dès qu’il était à ma hauteur. Il est toujours vide à cette heure matinale, je me suis installé, j’ai fébrilement ouvert l’enveloppe. J’en ai délicatement sorti le numéro 83 de Pêches Sportives ! Environ 10 ans que j’ai la même émotion, depuis le numéro 1 avec Jean-François Gaillard et sa chemise rouge sur la couverture. Je n’ai pu résister à me plonger dans la lecture de ce qu’on peut appeler « un pavé dans la marre » !!! Putain ! Ils y vont pas avec le dos de la cuillère !!! 25 pages qui vont directement dans les dents de la gestion de nos rivières par nos chers cols blancs…Je pense que si j’étais un des mecs visé par ce superbe et terrible dossier, je me cacherai, changerai de nom, de ville, voir de pays, tellement j’aurais honte d’être responsable d’une telle catastrophe…enfin, je vous laisse découvrir l’étendue des dégâts…

et puis je me suis mis à lire le reste du magasine, je suis tombé en arrêt sur ces 6 rivières secrètes, et bien entendu j’ai essayé de reconnaitre où elles étaient, je me suis tordu de rire en lisant le portrait du pêcheur mythomane, je me suis plongé dans les secrets des nymphes et de l’appétit des truites. J’ai regretté de ne pas avoir de lecteur pour visionner le DVD sur l’Orne…j’ai levé les yeux, j’étais au terminus, seul dans le bus, à 4 kilomètres de ma station, la pluie s’était arrêtée, plus rien n’avait d’importance. J’oubliais, j’avais gonflé la poitrine à la lecture de la remise des Farios lors du Salon de Paris…et la tête pleine de voyages ! Every morning, I zoom down the stairs, get the mail from the mailbox, and depending on the weather, I whistle my way on the sunny side of the street  or I jump in the bus for half a mile to my office. This morning I opened the box and I felt under my fingers that thick enveloppe, I immediatly new what it was, just by touching the paper. OUtside it was pouring rain, those march showers. I saw the bus lights and I jumped in it as soon as he was in frotn of me. At those early hours, the bus is almost empty, i sat down and nervously opened the enveloppe. I slowly got out Pêches Sportives #83 !!! It’s been over ten years that I’m doing the same thing, that I have the same feeling, since #1, with Jean François Gaillard on the cover in his red hot shirt ! I coulnd’t resist to start reading all I know is that when I finished going through the magazine, the bus was a its terminal, the rain had stopped, I was 3 miles from my stop, but I was happy, I had read all about the shameless state management of french rivers, but I also read about wonderfull hidden streams and my head was full of big fishes to come !