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Ça fait un mois que je suis Nelle Zélande, février vient de commencer et enfin, après des semaines de temps pourri, le soleil est plus régulier. Coté pêche même si le succès n’a pas toujours été au rendez-vous j’ai eu la chance d’explorer tous les types de rivières : du ruisseau à la puissante rivière de montagne, aussi bien en nymphe que dernièrement en sèche. Mais ces images d’énormes truites ayant succombé à de grosses souris me hantaient comme un hippie en pleine montée à qui on promet d’aller voir un concert du Grateful Dead. Trop de nuit à regarder sur internet les exploits des aventuriers en Alaska, au Kamtchatka ou ici même évidemment, il fallait me l’avouer j’avais traversé la moitié de la planète pour gouter à ce genre de sensations.

C’est grâce à ce genre d’auto-motivation que je marche depuis une heure sous le soleil écrasant de midi sur le sinueux chemin et plus de 10kms.

Me voilà au cœur du Fiordland une des régions les plus sauvages de Nelle Zelande, autour de moi ce n’est que forêt primaire (là où poussent les beech trees, ces arbres dont les souris se nourrissent de leurs baies) impressionnante de densité et mystérieuse avec ses lianes recouvertes de mousse. Il faut dire que je traverse la seconde région au monde où il pleut le plus après la jungle de Nouvelle Guinée, ici c’est du 8m par an (pour info en France il pleut en moyenne 70 cm/an) !!

La rivière que j’aperçois se classe dans le top 5 des plus belles qu’il m’ait été d’observer : eaux limpides, fond de caillou clair, large, profonde parfois, gros arbres morts enchevêtrés et une fois de temps le spectacle fascinant d’une truite calée dans le caillou. Ses eaux sont tellement pures que je peux m’offrir le privilège de plonger mes mains dans le courant et m’abreuver directement.

Finalement je repère une étendue d’herbe qui fera un bon endroit de campement. A peine arrêté c’est déjà la guerre avec les sandflies qui affluent par dizaine instantanément. Manque de bol en montant ma tante monoplace un morceau de l’arceau métallique se pête et je me rends compte que j’ai oublié deux choses des plus importantes : mon Leatherman et des allumettes… un vrai amateur ! Ce qui me console c’est qu’en tournant légèrement la tête je vois des longues formes sombres dans le courant adjacent.

Cinq minutes plus tard me voilà remontant la rivière essayant de repérer une truite, parfois le fond ressemble à une toile de Klimt avec ses grosses pierres noires et dorées créant un extraordinaire échiquier baroque. Une tache verte de couleur vive attire mon attention sur la berge, il s’agit d’une ceinture besace vide… étrange découverte dans ce coin paumé ! Le pire truc qui puisse t’arriver m’avais prévenu le marchand d’article de pêche du coin c’est que des gars arrivent avant toi sur le secteur…

J’embarque l’objet qui fait tache dans ce décor vierge avec l’écho un poil angoissant de cette phrase dans ma tête. Peu après, alors que je me concentre pour ne pas glisser sur les épais cailloux en traversant la rivière un flash de mouvement interpelle mon regard. Je lève la tête et aperçois un type qui traverse lui aussi la rivière. V’la aut’chose ! Dans l’effort et aussi dans la surprise nous ne pouvons faire autrement que de continuer notre avancé. Nous voici au milieu de la rivière, le bruit du courant qui s’écrase sur nos waders nous empêche presque de nous entendre. Ce type baraqué d’une cinquantaine d’année m’explique qu’il recherche… Oui votre besace ! Je l’ai trouvée. Sans guère de remerciements le gars l’a reprend en m’expliquant qu’il est avec un de ses potes et qu’ils finissent de monter leur camp et que demain ils partent remonter la rivière. Gestes et intonations me laissent à comprendre à mon grand regret que le gars ne fera aucun effort pour partager la rivière. Pas question de pêcher derrière eux demain…

Aussi je n’ai qu’une solution c’est de faire demi tour et retourner au camp en ruminant ma déception de ne pêcher qu’aux alentours de mon campement, du reste le temps commence a changer et d’épais nuages caracolent maintenant sur les flancs des montagnes alors que le vent remplace le soleil. En arrivant près de ma tente j’aperçois de belles truites arc-en-ciel sous les frondaisons d’arbres. Il ne faut pas plus de deux lancers pour voir un de ces spécimens littéralement foncer sur mon leurre. Au ferrage, le poisson fait crier mon moulinet dans d’infernales zig-zags. Une fois dans l’épuisette je suis étonné de voir à quel point les truites sont plus grosses en vraie que dans l’eau et surtout que de beautés avec leur robe pastel et cette chair ferme et musclé. Cette première victoire halieutique me réconforte sur les aléas de l’heure précédente.

7h du soir. Beer o’clock ! Mais impossible de se s’immobiliser deux secondes pour savourer cet instant cliché si attendu : le pêcheur qui après des heures d’effort se pose bière fraiche en main devant la rivière pour s’offrir une contemplation qui sera aussi sa petite ivresse. Mais à peine assis, ce sont des centaines de sandflies qui semblent vouloir partager ce moment de plénitude avec moi. Le produit qui me protège de ses infernales bestioles est si fort qu’il brule la peinture de mes polarisantes et si je m’en mets par mégarde sur mes lèvres ça gonfle tellement que j’ai l’impression de devenir Mick Jagger dans la minute d’après. Mais bon là où il y a des sandflies, il y a aussi des grosses truites !

Ramolli par l’alcool et fatigué par la journée de marche je décide de faire une sieste avant un coup du soir… à la souris !

Je devais être entrain de danser la salsa avec Penelope Cruz sur une plage des Caraïbes dans mon rêve car lorsque j’émerge je ne sais plus où je suis pendant un court instant, la nuit est déjà avancée et ma bouche pâteuse. Dehors la lune quasi pleine est entrain de disparaître derrière la montagne. Sa lumière est encore puissante, suffisamment pour marcher sans lampe frontale. J’ai oublié de signaler que j’avais aussi oublié dans ma voiture ma canne soie de 8 et que je pêche avec ma vieille Scott de 5, pour la nymphe c’est parfait pour balancer une souris sur hameçon de 2 un peu moins… Je me rends aussi compte que j’ai perdu une des deux souris que j’avais acheté en la faisant sécher cet après midi sur ma veste de pêche. Le fil de l’épuisette a du l’arracher… Je monte la dernière sur du 25/100ème. Je sais on est pas au top de l’esprit sportif mais j’en ai marre de me faire casser ! Et puis là on joue dans la cour des grands à priori…

Au troisième lancer je sens une tirée puissante qui emmène ma ligne en un éclair avec insistance comme si un ogre voulait précipiter dans sa grotte une pauvre chèvre avant de la dévorer. Mon réflexe est de ferrer en levant la canne mais à l’instant même je ressens dans mes mains deux puissants coups de queue et puis plus rien… ma soie se ramollit et je viens de casser alors que je ne pêche pas depuis trois minutes ! Horreur car ce poisson devait être massif mais surtout je n’ai plus de souris ! Seule satisfaction je sais désormais que ce n’est pas une légende…

Mu par un instinct je trottine vers ma tente et attrape mon sac à dos dans lequel je plonge ma main, fouillant la poche intérieure dorsale. Au toucher je perçois un sachet en plastique que je ressors haletant. Deux mouche-souris sont emprisonnés et aplatis dans cet emballage. Ce sont des géantes car n’ayant pas eu le temps de trier totalement mes boites de mouche, celles-ci proviennent de mes sorties de pêche au brochet…

Démesure pour démesure j’accroche un bas de ligne en fluoro de 16lbs (peut être du 32/100ème…) et retourne près de l’eau dans un état d’excitation insensé. Je déchante rapidement car j’ai l’impression d’avoir accroché un mulot mort au bout de ma soie, ce n’est plus du lancer, c’est un numéro de cirque. Ma canne encaisse comme elle peut et j’arrive à shooter à une dizaine de mètre, en tous cas j’espère, la nuit étant plus sombre maintenant que la lune a disparu.

Au deuxième lancer je me fais littéralement arracher la soie des mains et ferre puissamment répondant ainsi à égal de l’énergie du poisson, une erreur de débutant tolérée quand on pêche avec un si gros bas de ligne… Les remous de la truite font grand bruit en surface ce qui laisse à penser que j’ai attrapé là un jolie spécimen. En effet à peine dans l’épuisette j’allume ma lampe frontale pour me retrouver nez à nez avec une arc en ciel fabuleuse, de celle qu’on fantasme mais qu’on attrape jamais. Le poisson d’une vie presque…

Dans les heures qui ont suivi j’ai attrapé encore deux poissons fabuleux, pour en rater autant, tous relâchés bien sur. Epanoui, ébahi et heureux par ces prises légendaires, j’ai décidé de rester une nuit de plus sur cette zone. Et je pense que vous auriez fait de même…

Aujourd’hui j’ai oublié l’enfer de ces quelques nuits dans la montagne où l’humidité froide me coulait sur le nez parce que ma tente était cassée. Je ne me rappelle évidemment que des bons moments comme ce petit matin où fuyant les sandflies je découvrais une belle fario bécarde sur le bord de l’eau. Cette beauté ne résista pas à mon sedge ce qui faisait une sacrée truite pour commencer la journée, et cela est sans parler de la deuxième nuit de pêche à la souris où la magie recommença…

It’s been a month now since I am in New Zealand, february is just beginning and the sun tends to become a friend after weeks of chily winds and pouring rain. I had already experienced most of the trouts fishing ways : in spring creeks, large rivers, with nymphs most of the time, dry fly in the last days on the Mataura. But the mouse thing was still bouncing in my head like a freak trippin to see a Grateful Dead concert for the first time. Once in a blue moon’s movie flash, the pictures of the guys in Alaska or Kamtchatka, any YouTube fishing porn movie, they were all here reminding me why I had the crazy idea to cross half the planet to live the dream for real. Mouse sounds like fun as a goofy pattern but it also sounds like big trouts…

That kind of self motivation helps me out to walk up seven miles of river Under the midday sun in the heart of wild South West Fiordland area.

Around me the primary forest astonish me as one the densiest place I have ever seen, here the lianas are wrapped with moss. Actually this the second place where it rains the most on earth after New Guinea forest ! I took the minimum stuff with me nevertheless I have to stop once in a while to breathe and drink. The great thing is that you can drink directly from the river, the bad thing is that each time you stay more than 3 seconds without moving the sandflies starts check you out !

I found a flat grassy place close to a deep pool and start to build my tent. A piece of the frame broke in my hand, which is terrible here deep into the wild. The miserable truth to confess is that I forgot the two most important tool ever : my Leatherman, and also a lighter… that’s how you recognise outdoors amateur I guess. The tent is wobbly but for now there is no trace of wind, but sure there are traces of trout when I look upon my shoulder. Some kind of long dark moving stick in the current, impossible to say if it’s close to the surface or how big it is, the water is so pure…

The sun still hits hard when I start to walk quietly upstream. In some places the bottom of the river looks like some kind of baroque chess board paint by Gustave Klimt.

It is actually pretty hard to spot a trout above those large, flat, gold and dark stones but the majesty of the picture is truly mindblowing. The few fishs I see don’t seem to feed, even the best selection in my nymph box doesn’t attract their curiosity. I even stake one all with a small mouse fly, actually one trout moves a bit, but no real success.

Jailed by the rocky mountains, surrounded by an impenetrable forest, I am this animal given back to its primary element, even though I have some cereal bars in my Pocket in case of emergency ! A green spot draw my attention on the bank, as I come closer I am surprises to discover an empty fishing belt. Well that is pretty weird in that remote place… The only bad thing that can happen to you, told me the fly fishing veteran from the local fishing shop, is that some guys has arrived before you on the river… This sentence bounce in my head with fear.

Actually five minutes after, while my eyes intensely focus on each of my steps I am fighting not to fall on the sleepy stones, I capture in a flash a movement on the other side of the river. A guy with a walking pole is crossing the river too ! We were so surprised to see each other that the first reaction was to start talking just there in the middle of the river with the sound of the strong current smashing our legs. In his early fifties, the strong man explains me he was looking for… your belt I guess ? Yeah I found it ! Without any recognition, he took back his stuff.

He was with a friend and they were setting up their camp close to here. The reason they were here was the same as mine, next morning they were about to go upstream for some serious back country fishing. The manner he speaks and behave I understood sadly and quickly that they wouldn’t make any effort to share the river with me. And I was not there to fish the same spots half an hour after them…

So here I was in the middle of nowhere forced to come back at my camp and forgot about the fascinating exploration I could have made. Quickly the weather turns from sunshine to grey and windy. Some big fluffy clouds starts to pour on mountains side but also some decent rainbows starts patroling under the trees not far from my tent. At the second cast, I could perfectly see the greedy trout running on my nymph. The strike was hailed with a powerful run where the fish turns half crazy pushing the line in every angle of the spot. This rainbow is truly a jewel, some kind of nature masterpiece, light colored but strong and dense like most of the real kiwi trophies. At least this comfort myself a bit after what happen just before…

It is maybe seven o’clock and the sun is about to hide behind the mountain. My vision is messed by a growing crowd of sandflies. Every kiwi flyfishermen knows that whenever there are big trouts there are sandflies too, so even if they turn your life into a nightmare deep inside you know it is not that bad. The repellent I use is the Mother of All and it is so strong that it burns the paint on my polarize glasses ! If I put some by mistake on my lips I will feel like being Mick Jagger few seconds after. Then my beer doesn’t taste the same but it keeps knocking me down after that long day of walking. I decided to have a nap before a night fishing session… with mouse fly.

I have no idea where I was dreaming but my sleep had to be pretty deep because my mouth is mushy when I look my watch. It is more than… midnight ! Oulalala !! Outside the big and shiny moon is just about to disappear behind the mountain. I clumsily put my waders and while tying up my shoes remembers with joy that sandflies sleeps at night. The light is strong enough to walk without head lamp and one minute after I am approaching the river. I didn’t mention that I stupidly took one fly rod, a 5wt, and my 8wt one is gently sleeping in my car 20 miles from here. Plus it seems that I have lost my second small mouse fly that I bought at Stu’s shop. The lesson to be learned : never leave big flies to dry on your fishing jacket…

I have tied a solid 1X tippet which handle 12lbs, after all we play in the big boys league. But throwing a thick fly with a 5wt rod is not a comfortable task. On the third retrieve I feel a strong pull that echoes on my hand like some monsters who took the bait in order to savour it its wild cave. My focusing was a bit lost in the contemplation so my first move was to pull at the same time… and in a flash my line came back to me, very lightened… I had broke on a 12lbs tippet, plus I had broke my only small mouse left. Just after three minutes of fishing…

The good thing is that I knew now that trout does feed on mouse. By some kind of miracle an illumination occures to me I ran to the tent, grabbed my backpack and dive into the back inside pocket. I pull up a small plastic sachet bag with two mouse flies ! Bingo ! But those flies were in my pike box so they are BIG flies, hooks 2 or 4/0 ! This time no compromise I put a 16lbs fluoro tippet… I know it sounds ugly but you should at the size of my bait !

I can’t say it’s hard to cast a pike mouse fly with a 5wt rod, actually it’s just impossible ! Actually that reminds when I was a child and I tent to do learn flyfishing cast with a kitchen string… But from where I was I had no choice but keep on trying. The blow of the flying mouse sounds more like a dead bat than a sexy little bait. But five minutes after, a violent wave of bestiality wrest the line out of my hands. This time the fish is on and I can enjoy the mysterious feeling of fighting a trout at night, touch and ears are the only working senses, but it feels like big… I manage to net the fish and carry it few meters on the gravy bank, then I turn my lamp on. Waou ! that’s a beautiful rainbow that has eaten the big cheeseburger. Then it was true what they said about trouts feeding on mouse !

The same night I had two more fish, all big mamas, all rainbows, all released of course, all on my huge mouse. I was supposed to stay only one night in the forest but I decided to stay another night. You would have made the same choice I guess !

The next morning after a very cold and humid night (waters got in my tent because of the broken part) I woke up jump in my waders  as soon as I was out I got absolutely wasted by the sandflies ! But I land a beautiful brown trout on dry fly five minutes after, a 5lbs rainbow on nymph one hour after, and so on until the second night where the mouse party keeps on going. Those three days will be part of me forever !