Suite des chapitres précédents :

L’auteur de ces lignes se trouve en  « vacances » à Hawaï où il se fait foutre une raclée par des bonefish monstrueux aux rires féroces et humiliants.

Pour me consoler, Ollie, mon guide à la patience d’ange stoppe sa voiture devant une boutique à la mine fragile d’un autre âge et m’annonce : « Voilà, Flèche;  le meilleur « POKE » (prononcez PO-KAY) du monde entier, c’est là qu’on peut le trouver. » Puis, devant mon air ahuri il m’explique que le « Poke » est une recette hawaïenne, sorte de marinade de morceaux de thon cru et que c’est  » AWSOME  » ! (extraordinaire). À l’intérieur de la boutique, c’est tout un capharnaüm de pauvres choses poussiéreuses qu’on trouve généralement dans ce genre d’endroit , loin des centres touristiques. Piles électriques, soutiens-gorge made in Taïwan, pommes chips chimiques, crayons de couleur pour enfants. Et, guidé par Ollie, nous nous retrouvons à l’arrière du magasin où trône une hawaïenne derrière un étalage de « choses à manger » qu’elle a préparé, dont le fameux  » Poke « .

C’est vrai qu’au premier regard, ça donne pas l’eau à la bouche, la perle rare de notre ami. Mais, connaissant sa passion pour la bonne chaire, nous achetons un kilo de ces cubes sanguinolents.

Cinq minutes plus tard, Ollie arrête sa voiture devant un décor à pleurer de beauté. Là, à nos pieds, l’océan Pacifique roule des vagues monstrueuses (c’est pas pour rien qu’Hawaï est le berceau du surf !). Le soleil commence à descendre et les gigantesques plages se colorent de rose de violet. Nous nous asseyons sur une de ces roches et je plonge mes doigts dans la boîte de « Poke », en attrape un morceau que je porte à mes lèvres et là les amis, c’est l’orgasme absolu. Le morceau de thon  fond dans le gosier que ça en devient obscène. Et, pendant l’heure qui suit nous nous gavons de ce bonheur absolu. Entre deux bouchées, Ollie nous mîmes des histoires de pêche à se tordre de rire. Quel talent il a ce type. Ah si j’étais producteur de films ! Et soudain, il s’arrête de faire le clown et sort de son sac une sorte de pochettes en plastique renfermant des choses bizarres munies d’hameçons.

 « C’est moi qui ai fait ça » nous dit-il.

Là, je ne sais pas quoi répondre . Ces  » mouches  » sont parmi les choses les plus hideuses que je n’ai jamais vues de ma vie, ressemblant à des morceaux de carpettes sur laquelle un enfant maladroit aurait collé des bouts de fibres multicolores et brillantes. Absolument rien à voir avec les mouches   » professionnelles  » si bien peignées, si élégantes qu’on a envie de les acheter à première vue.

« Tu vois Flèche, cette couleur imite bla..bla..bla.  » Moi, je n’ai qu’une envie, c’est d’oublier ces horreurs au plus vite, de finir cet « AWSOME  » Poke et d’aller m’allonger. Non mais, franchement, Ollie, je pense, là, que tu me prends pour un touriste, pensais-je.

Jusqu’à hier soir où j’ai reçu un message de mon ami avec cette photo ahurissante. Regardez bien l’intérieur de la gueule de cette truitasse. Et qu’est-ce qu’elle a dans sa  gueule, la bête ? LA MOUCHE A OLLIE !!!

Car non seulement ce type est le meilleur guide de pêche de la région, mais en plus un sacré créateur et innovateur de leurres.

Chapeau bas, l’ami !