Lorsque vous ne connaissez rien à l’Amazonie, que vous montez pour la première fois dans votre barque, que vous commencez à filer sur le fleuve, la première chose qui vous frappe est l’étendue du ciel. Ce ciel il vous embrasse il vous tend les bras il vous rassure de sa beauté et de sa majesté. Comme la forêt où chaque arbre semble être d’une essence autre que son voisin, parfois grand, souvent dense et feuillu, le ciel amazonien peuple son bleu d’une multitude de nuages : énormes et cotonneux, fin ou vaporeux. C’est une cathédrale que l’on bénit alors que pauvre pêcheur vous filez vers vos premiers méfaits.
Danilo avec qui je partage ma barque semble aller pêcher la truite en nymphe avec son joli gilet orné de sa traditionnelle peau de mouton. De mon coté je me couvre les pieds et les jambes de crème anti-moustique. Nazareno notre guide qui parle caboclo sorte de patois portugais mélangé d’influences indigènes nous arrête devant un courant qui s’engouffre dans la forêt.
Les eaux sont très hautes pour la saison, une bonne partie de la forêt est immergée, parfois presque en totalité. Etonnant de voir ces arbres habitués à avoir la moitié du tronc dans l’eau. La rivière déborde de partout, coule à travers la forêt. Ce que vous voyez en face de vous n’est peut être qu’une île, un bras du fleuve se cache peut être 50m derrière. En tous cas il y a un vrai courant qui s’engouffre entre les arbres. Lancez là ! nous dit avec un signe de tête Nazareno. Nous nous exécutons sans plus attendre.
Baté ! (Touche!) lache surpris Danilo qui prospecte avec un steamer qui coule comme une cuiller ondulante, plombé pra caramba . Au premier lancer c’est plutôt prometteur. Je suis toujours avec mon popper à faire du boucan en surface. Je décide de faire une pause dans l’animation, pour voir. J’en profite en un réflexe pour réajuster mes lunettes qui glisse constamment sous les 35° amazoniens gorgés d’humidité. Or au même moment où j’ai lâché ma soie, mon leurre disparait dans le gobage le plus violent de ma vie, une sorte de succion atomique. Waouh ! Je récupère la soie mais la crème solaire ou je ne sais quoi qui glisse me joue des tours. Je mets une éternité à ferrer… heureusement ça gigote au bout de la canne ! Dans les courants amazoniens la défense du peacock est bien supérieur à celle de ses cousins du lac de Balbina. C’est un petit qui a avalé la mouche quasi jusqu’aux opercules.
Juste après la photo / remise à l’eau, Danilo en prendra un aussi. Nous changeons de coin et c’est de nouveau 20mn de bateau a filer sur l’eau. Je suis devant assis comme un pacha, les bras croisés derrière la tête, voyant défiler un des plus beaux paysages fluviales qui soit. Malheureusement la pêche deviendra difficile et les poissons boudeurs, à quelques exceptions mais de petite taille pour ces bass qui atteignent régulièrement les 5 ou 6 kgs. Nous apprendrons même que certains pêcheurs au lancer n’ont rien pris cet après midi. Vivement demain !