Presque chaque fois que je rentre de la pêche, je m’écroule sur le canapé et ma femme est obligée d’entendre pour la millionième fois :  » Putain, c’était vraiment bien aujourd’hui mais qu’est-ce que je suis crevé, j’ai mal aux guibolles et mes lombaires, ces saloperies et mon épaule droite, cette enfoirée… Mais pourquoi le bon Dieu nous a refilé des articulations à la gomme et des muscles pourris au lieu de trucs modernes en carbone et matières futuristes incassables ? »

Hier soir, mon amoureuse m’a tiré par la manche, m’a forcé à m’asseoir devant son ordinateur et obligé à visionner ce petit documentaire,  « Been Rich All My Life », vrai chef-d’oeuvre d’optimisme sur  » LES SILVER BELLES  » dont j’ignorais totalement l’existence jusqu’à cet instant.

Et du coup, toutes les petites misères se sont envolées sans l’aide d’aspirines ou autre cochonneries.

C’est ‘histoire de ces  danseuses de claquettes, ces légendaires chorus girls  » SILVER BELLES  » qui aujourd’hui frisent les 100 ans et qui continuent de danser (un peu plus lentement quand même..) comme elles l’ont fait toute leur vie depuis les folles années du Cotton Club et de l’Apollo à Harlem,  New York City dans les années 20. Elles danseront jusqu’à la fin et ce, malgré toutes les infamies et la vie éreintante qu’elles ont subie. Ecoutez cette fabuleuse Bertye Lou Wood, une des piliers du groupe, agée de 96 ans :  » “I’m going to dance, dance, dance, ‘till I can’t dance no more, and I’m going to live, live, live, ‘til I die.” . Rendez-vous compte, à l’époque du Cotton Club, elles se tapaient jusqu’à neuf représentations par jour ,  seize heures de boulot d’affilé et ça, tous les jours !

Et le plus beau de l’histoire c’est qu’un beau jour, elles en eurent marrent d’être exploitées par leurs patrons et que la première grève des femmes africaines -américaines aux USA, c’est ces nénettes là qui en ont pris le risque. Pas n’importe quoi  pour des blacks à cette époque , vous pouvez me croire ! Au bout de quelques jours, le patron du club voyant sa cagnotte fondre au soleil, se décida à les payer davantage mais refusa de réintégrer les « meneuses ».

_« C’est tout le monde ou personne ! » Fut la réponse.

Capitulation du patron.

Et aujourd’hui, à plus de 80 ans, malgré les cancers multiples, l’arthrose, les chutes dans les escaliers du métro de la 125e rue à Harlem, danser pour ces merveilleuses femmes, c’est être vivant et c’est le FUN et à New York ,  ce sont encore et toujours des stars et des exemples pour bon nombre de gosses !

Et qu’est-ce qu’ils sont belles, ces anciennes amoureuses de Cab Calloway, Louis Armstrong et du Duke Ellington ! Et comme elles s’aiment et rigolent comme au premier jour !

Merde, et moi qui me plains de mes vertèbres à la gomme ! Ta gueule, Flèche. Va prendre ton pied à la pêche et arrête de faire chier le monde. You are a lucky bastard and SHUT THE FUCK UP !

– » D’accord, mais je vais m’en repayer une tranche à l’Apollo samedi soir ! Vous venez avec moi ?