Nous venons tout juste de recevoir cette lettre envoyée par M. Jean-Jacques Paul, missionnaire à la retraite, demeurant 26 rue Tabaga à Lens-le-haut, et ne pouvons décemment pas, ne pas vous en faire profiter, chers lecteurs.

Chers Messieurs du Mouching.

Je suis un de vos fidèles lecteurs et ceci depuis plusieurs années. Aujourd’hui, j’aimerais contribuer à l’éducation des masses, comme je le fis durant ma carrière en Indochine, puis en Algérie. (Ah ! Les colonies, on ne pleurera jamais assez leurs pertes…)

Rarement dans vos fascinantes colonnes, n’est mentionné l’appétit féroce de certaines races de poissons. On nous rabâche au contraire trop souvent les gobages discrets et les appâts pris par de timides bouts de lèvres.

Àhhh ! qu’elle est bien loin la fameuse histoire du regretté JONAS qui fut englouti par une baleine et qui  fit son nid douillet, ( bien qu’un peu humide), dans l’estomac du cétacé.

Il y a peu de temps, un pêcheur dont le nom barbare m’échappe (il est je crois originaire d’un de ces pays nordiques où le langage est si peu civilisé !) sorti de ses filets un cabillaud dont le ventre distendu le mis en alerte. À l’aide d’un couteau bien effilé, il ouvrit l’abdomen de l’animal (qui d’ailleurs ne broncha que modérément) et ô surprise y découvrit un objet en matière plastique de couleur rouge orangée. Très rapidement, (notre homme était physionomiste) il fut évident que cet objet n’était autre qu’un vulgaire godemichet qu’une femme volage avait certainement jeté du pont d’un navire. Alerté par le goût de marée très prononcée de l’objet, le cabillaud l’avait engloutit sans en être plus incommodé que s’il avait boulotté une vulgaire crevette.

Il y a peu de temps, une histoire similaire arriva à Henri, mon cher neveu. Laissez-moi donc vous la raconter.

Il arrivait tout juste d’un voyage d’une lointaine contrée et l’envie lui prie d’essayer sa nouvelle canne à mouche dans une rivière proche de son domicile.

« C’est dimanche se dit-il, les boutiques qui vendent des permis de pêche sont fermées mais, à quoi bon, j’irai dès demain m’acquitter de cette taxe ! ».

Et sans plus attendre, il se mit à tester sa nouvelle canne, une LOOP, si ma mémoire est bonne

Au bout d’un quart d’heure, un car de police du village voisin s’arrêta près de ladite rivière, un officier s’en extirpa et, s’approchant de mon cher neveu lui demanda de présenter son permis de pêche.

En s’excusant, celui-ci lui narra son aventure, promis, la main sur le coeur, d’acheter ce permis dès le lendemain. Ne voulant rien savoir, l’officier lui tendit un procès-verbal d’un montant exorbitant, le salua et repris son chemin.

Fou de rage, mon neveu fit une boulette dudit document et le jeta dans la rivière. Peu de temps après, il captura une truite arc-en-ciel de belle taille et lui fit passer d’un coup sec derrière les oreilles, toute envie de rigoler.

Lorsque de retour à la maison  il ouvrir l’estomac de la défunte bestiole, que ne trouva-t-il pas dans ledit organe ? Je vous le donne en mille : le procès-verbal rédigé par le policier exigeant.

Et le plus beau fut lorsqu’il dégusta cette truite, il s’aperçut qu’elle avait un goût prononcé de poulet.