Camargue chez les Guillermes

Quand on était enfant, il n’y avait pas une journée sans qu’on écoute Manitas de Plata. Quand on quittait le Mas de Fourques pour aller rendre visite aux « cousins » de Gaillargues les Guillermes, les paysages de la Camargue défilait par la fenètre et je regardais rêveur les platanes qui défilaient, puis les rizières, et les près avec les taureaux. L’arrivée à la manade était toujours un évènement, on y retrouvait ceux d’Arles, ceux de Nîmes,  c’était la fiesta. La fiesta, c’était facile, on regardait les grands boire des coups et raconter des conneries, nous, les petits, on aimait leurs dégaines de gardians, nos cow boy à nous, et puis il y avait les guitares, elles arrivaient toujours, en général avec les Reyes d’Arles et puis parfois, il y avait Manitas, lui c’était autre chose, il avait joué pour Bardot, ce qui faisait hausser les épaules à ma mère et il avait aussi joué pour Dali, ce qui n’épatait personne car c’était un pote de cette dernière. Mais il y avait un truc magique, un truc qui fait qu’aujourd’hui encore, quand j’entends de la guitare gitane (et je ne dis pas du flamenco) je retrouve mon âme de minot. Et aujourd’hui, c’est con, mais je repense à tout ça, à nos dégaines avec nos jeans blancs, nos bottes et nos vestes noires, on se voulait camargais, on était heureux, on voulait tous jouer de la guitare comme Manitas et séduire les filles. Voilà à quoi je repense ce soir et pourquoi je te dis merci pour tout ça, Manitas, parce que la première musique que j’ai écouté, c’était la tienne.

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