le mouching, fly fishing, nympheasLa tradition veut qu’après avoir fait mon marché le samedi matin, je m’offre une bière fraîche à la terrasse du « Café du Midi. »
Et c’est là que je vis arriver, l’Alexandre.
Au village, on l’appelle Alexandre le bienheureux, à cause du film avec Philippe Noiret à qui il ressemble comme deux gouttes d’eau. Il faut avouer que c’est un sacré phénomène, mon ami. Sorte d’élégant clochard, entre un poète romantique, léger comme un ballon pour enfants et un sorcier Bantou.
« Il parle aux animaux et aux plantes ! » assurent quelques villageois.
« Aux plantes ? » demandent quelques incrédules.
« Oui, aux plantes. Même qu’on l’a aperçut il y a peu de temps, au bois de Païolive, en train de murmurer des paroles incompréhensibles à un buisson de ronces ! »
Alexandre prit une chaise et s’installa à ma table.
« Flèche, mon cher ami, j’ai une question de la plus haute importance à te poser.. »
« Alexandre, tu sais pertinemment que tu peux me demander la lune et que j’irai te la chercher sur le champ.! »
« Bon, je suis rassuré. Est-ce que tu pratiques toujours la pêche à la mouche ?
« Oui, bien sûr, ça m’arrive encore, bien que ces temps-ci, j’ai mis un peu le frein à cette occupation. Il faut dire que le temps que je passe dans mon atelier me remplis de joie. La peinture coule comme la lave d’un volcan en éruption. Quel bonheur ! »
« Je suis content pour toi mon ami. Sincèrement ! » Et après une petite pause, il reprit « Connais-tu la petite rivière qui coule dans le village de Berrias ,pas très loin de chez toi ? »
« Bien sûr, Alexandre, j’y passe fréquemment dans ce petit bourg et, à chaque fois, je jette un œil furtif dans ce ruisseau. Il est rempli de petits poissons et des gros chevesnes s’y plaisent également, ce qui fait la joie des gamins qui trempent leurs lignes. »Le mouching, fly fishing, Berrias
« Eh bien, Flèche, me croirais-tu si je te disais que j’y ai fait récemment la connaissance de la plus grosse truite qui m’est été donnée de voir. Elle est énorme comme une américaine obèse de l’Alabama et grande comme suédoise de Malmö. Et nous avons, elle et moi, bâti une amitié solide comme le pont de Tancarville. Est-ce que cela te ferait plaisir que je te présente Céleste ? C’est son nom ! »
« Ahh mon ami, si Céleste ressemble même de loin au tableau que tu viens de me brosser, je suis ton homme, toutes affaires cessantes. »
Aussi, le jour même, sur les coups de 18 heures, Alexandre me guida dans un enchevêtrement de branchages cassés, de ronces et de toute une ribambelle d’obstacles épineux, jusqu’à un petit bras de ce fameux ruisseau.
« Assieds-toi la » fit Alexandre et il se mit à appeler d’une voix douce d’un Roméo sous le fameux balcon.
« Céleste… Céleste ! C’est moi,… Alexandre… Céleste… Viens ma chérie… Je vais te présenter un bon ami. » Et soudainement, je la vis apparaître, la Céleste. Ou plutôt je commençais à voir son ombre gigantesque et doucement elle s’approcha de nous.
Àh mes amis, si vous aviez pu voir cette merveille de la nature. Le phare d’Alexandrie n’était rien en beauté comparée à Céleste. Une robe à faire pâlir Chanel, Yamamoto et Jean-Paul Gaultier réunit.
« Vas y Céleste, lui dit Alexandre, fais nous ta fameuse « danse du courant. »
Et la bête, en équilibre sur sa queue commença à tourbillonner comme un derviche et à se contorsionner comme pourrait le faire une danseuse du ventre dans un palais moyen-oriental. Et elle me regardait pendant tout ce temps avec un œil d’une lascivité qui me mit rapidement en émoi.
La danse torride terminée, elle se pencha alors vers Alexandre et je cru l’entendre murmurer des paroles incompréhensibles.
« Que dit-elle, Alexandre, dis-moi vite !)
« Elle dit que tu lui plais beaucoup et qu’elle aimerait que tu deviennes son ange gardien et plus, si affinités.
Le temps passa (toujours trop vite) et un beau jour, Alexandre me prit par le bras.
« Flèche, viens vite, j’ai quelque chose de la plus haute importance à te montrer. »
Nous refîmes le chemin à travers cette jungle de ronces de et de branches mortes et, arrivés au bord du fameux ruisseau où vivait Céleste, j’en restais bouche bée. Pourquoi me demanderez-vous, haletants ?
Et bien, vous me croirez peut-être pas, peu importe, mais, au milieu du courant s’ébattait la belle Céleste entourée d’une cinquantaine de petites truites qu’elle venait de mettre bas. Mais là où les choses devenaient singulières, c’était que ces charmants poissonnets avaient tous une tête dont la ressemblance avec la mienne ne laissait planer aucun doute. J’étais devenu le père de toute une famille de truites.Le mouching, fly fishing, truitelles
Afin de régulariser notre situation, nous fîmes une halte à la mairie et à l’église de Berrias ou le curé, une larme à l’œil, en nous donnant sa bénédiction murmura : « Mes enfants, nagez en Paix.»
Aujourd’hui, malgré les commérages de certains villageois (des jaloux, sans doute !) nous filons, Céleste et moi, un parfait amour.
Je peins dans mon atelier avec frénésie pendant que Céleste nettoie la piscine.
Et avec les assurances sociales et les primes de maternité, la vie est devenue un vrai paradis.
( Bon…je crois que je vais arrêter, ces foutus champignons hallucinogènes…)Le mouching, fly fishing, la Paix