Le Mouching, fly fishing, la bataille de San romanoLa nuit commençait à peine à tomber (PAF..BOUM !). Les quelques pauvres réverbères clignotaient comme des vieillards grabataires lorsque le curé entre dans leurs chambres. Et moi, je rentrai, l’âme joyeuse, après trois heures de bénédiction sur ma rivière chérie.
Des poissons ? Oh… Très peu et des pas bien gras, mais, qu’importe. Chaque minute passée au bord de l’eau est une minute de moins passée au bureau du Mouching, loin de ses cadences infernales.
Quant à l’angle de la rue du maréchal Pétain et de l’impasse Maurice Thorez, je tombais nez à nez avec quatre lascars que je reconnus tout de suite grâce à leurs casquettes portant en guise d’écusson, une tête de lion., d’un goût plus que douteux. Le mouching, fly fishing, lionIl s’agissait bien sûr, de quelques malfrats du terrible GANG LION, dangereux comme la peste et ennemis de longue date du Mouching.
La raison est que ces brutes sont adeptes de la pêche à la cuillère. Oui, cher lecteur vous avez bien lu : PÊCHE A LA CUILLERE, la plus vile qui soit. Son leader, Ferdinand Mepps, individu d’une cruauté sans pareille, va même jusqu’à ajouter deux ardillons supplémentaires sur chaque hameçon de ses cuillères assassines . C’est pour dire la barbarie de ce monstre !
Mais revenons, si vous le voulez bien, à l’angle de l’impasse Maurice Thorez.
Encerclé par cette bande de brutes, je me collais le dos au mur le plus proche et, sans quitter des yeux les mouvements de ces fripouilles, doucement, je dévissais le bouchon du tube de ma canne à mouche que j’extirpais de son étui. Tous mes muscles étaient tendus à l’extrême, comme la chambre à air d’un vélo de course dans la descente du mont Ventoux, quand le premier assaillant fonça droit sur moi.
Le mouching, Fly fishing, samuraïÀ cet instant, je devais ressembler au copain du célèbre acteur Toshiro Mifune dans le chef-d’œuvre de Kurosawa « Les sept samouraïs », le gars à la figure en lame de couteau, celui qui manie le sabre de samouraïs, ( le fameux katana !) comme personne. Car, d’un pas rapide sur la droite, j’esquivais mon assaillant et lui crevais l’oeil gauche grâce à la pointe de ma fidèle canne à mouche. Les hurlements du gredin me remplirent d’une joie intense et, lorsque le deuxième assaillant se rua sur moi, d’un geste sûr, je lui enfonçai la pointe de mon scion dans la gorge. Les ruisseaux de sang, sous la lumière blafarde du réverbère, ajoutèrent une note d’une poésie brutale proche de celle du grand Mallarmé.
Quant au troisième salopard du GANG LION, d’un lancer précis, je réussis à lui arracher le lobe de l’oreille droite grâce à un streamer d’ordinaire destinée à la pêche aux requins.
Le quatrième opposant, le caïd, le chef de la bande, Ferdinand Mepps en personne (quelle lâche ordure !) voyant que j’étais (et de loin !) intouchable, prit ses jambes à son cou en implorant miséricorde et, à l’heure où j’écris ces lignes, on me dit qu’il court toujours dans les banlieues profondes entre Roubaix et Budapest.
J’avais vaincu, haut la main, grâce à ma fidèle canne en bambou refendu, dont le dessin parfait, l’architecture gracieuse et la précision sont tellement proches des sabres japonais d’entraînement au noble art martial du Kendo dont je suis un fervent adepte.Le Mouching, fly fishing, kendo
Non pas que je crache sur les cannes en carbone. Certes non ! Il en existe certaines plaisantes Mais… comment dire… Le bambou, peut-être par son côté légèrement archaïque et artisanal, possède une humanité sans pareille. Je peux ici affirmer, que cette canne, avec les ans qui passent, est devenue ( ainsi que ma deux chevaux ), ma plus fidèle alliée.

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