Une larme, juste une larme, qui coule là, à la plissure des yeux. Qui descend lentement comme descendrait une main qui carresse, qui frôle l’aile du nez, chaude et solitaire, elle roule suivant un chemin naturel. Serrée, la gorge serrée a du mal a laisser passer l’air, la poitrine comprime le sanglot pour qu’il ne vienne rien troubler. Le frisson commence doucement de chaque côtés du dos puis remonte en faisant danser la colonne vers la nuque d’où il fait couler une autre larme qui prendra le même chemin que la première. L’oreille collée à un vieux transistor, Petra écoute en sourdine la retransmission du concert de Sarah Vaughansur Voice of America. Elle pleure en rêvant de liberté, en enviant ceux qui ce soir sont là-bas de l’autre côté des chiens, des barbelés, des gardes et des projecteurs qui n’éclairent pas la scène du Berliner Jazztage, mais le mur qui maintenant divise le monde en deux.

Ce même soir, à Rome, dans une salle privée de Cinecitta, Luchino Visconti projetait pour la première fois « Les Damnés » Dirk Bogart et Helmut Berger pleureront eux aussi.

Alors que, dégourdis, Denis Hopper et Peter Fonda se tapent sur les cuisses de la claque qu’ils viennent de filer à toute une génération avec Easy Rider.

1969, quelle année ! Qu’est donc devenue Petra, la jeune allemande qui pleurait ?

Voilà, pour vous qui n’avez pas fait l’ouverture, l’intégrale du concert.

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