Le mouching, fly fishing, cyclisteÀ chaque fois que, sur mon vélo, je reviens de la boulangerie, ma femme remarque :
– C’est incroyable, mon chéri, comme la bicyclette de fait fondre ton petit bedon. Comme de la margarine au soleil.
Aussi, la semaine dernière, un peu pour lui faire plaisir et surtout afin de retrouver ma musculature de Monsieur Ardèche 2008, je grimpais sur mon vélo avec l’idée en tête, au lieu d’utiliser la moto, d’aller à la pêche, à cheval sur cet engin.
Une bonne quinzaine de kilomètres de côtes et de descentes (surtout de côtes, j’avais l’impression !) et j’arrivais fourbu au bord de MA rivière.
Le mouching, fly fishing, siesteUn coin secret. Et, sous un petit chêne entouré de mousses et d’herbes printanières, je m’étendis, les bras en croix dans l’espoir de récupérer mes forces et de faire souffler mon pauvre cul torturé par une selle brutale comme une enclume.
J’avais les yeux mi-clos quand soudain, j’entendis des bruits de voix. Des voix féminines, pour être précis.
J’entrouvris une paupière, juste assez pour distinguer deux jeunes filles s’approchant de mon havre de paix.
Je crois bien que ma position et mon immobilité les effraya et, c’est normal. Je ne bougeais pas et retins ma respiration.
– Il est mort, tu crois ?
– Il en a bien l’air… Tu crois que je devrais appeler Police-Secours ?
À ce moment, je crus bon d’intervenir.
– Mais non, charmantes enfants. Je me tapais tout simplement une petite sieste réparatrice. Voyez cette cochonnerie de vélo ? Il m’a presque assassiné, le forban.
Les deux mignonnes se mirent à rire s’installèrent non loin de moi et la moins timide des deux me dit :
– Voyez-vous, nous sommes des touristes. Nous venons du Nord et le soleil ardéchois nous invite à lui rendre hommage. Ca ne vous dérangerai pas si nous ôtions ces maudits soutiens-gorge ?
– Mais, absolument pas, mes jolies puisque j’ai ôté le mien également
Les deux filles se gondolaient, ce qui est bon signe.
– Dites-moi, cher Monsieur, que faites-vous donc dans la vie pour être au bord de la rivière quand le reste du pauvre monde s’échine au labeur ?
– Je suis peintre.
– En bâtiment ?
– Non. Et croyez-moi, souvent je regrette de ne pas l’être. Voyez-vous, moi, ce serait plutôt des peintures… comment dire… Artistiques, comme disent certains.
– Comme du Picasso ?
– Plutôt comme un homme des cavernes !
(Re– rigolade !)
1088_fragonard 11– En fait, ce que j’aime par-dessus tout c’est de peindre des bonnes femmes. Les bonnes femmes, j’en suis gaga. Je les adore. Toutes ! Il m’arrive souvent d’être tellement subjugué par leur beauté que, dans la rue, au lieu de continuer mon chemin vers ma destination, je me mets à suivre comme un chien de chasse la jolie fille qui déambule devant moi. Croyez-moi, c’est parfois embarrassant …on peut me prendre pour un dangereux obsédé sexuel et m’envoyer finir mes jours en prison alors qu’il ne s’agit là que du plaisir des yeux. Il est vrai toutefois, que la tentation d’utiliser mes mains est vive. Toucher les grains de la peau, en sentir le velouté fait également parties du plaisir innocent. Me comprenez-vous mes demoiselles ?
– Oui Monsieur, c’est gentil ce que vous nous racontez la !
– Je vous remercie
Et après un moment de silence je repris :
Le déjeuner sur l'herbe– Comme c’est drôle, vous deux, là, à moitié nues en ma compagnie, moi, vieux grigou, j’ai presque la sensation d’être un personnage d’un tableau de Fragonard ou de Boucher. Tout en douceur et légèreté avec néanmoins une pointe de sexualité qui montre le bout de son nez…Mmmmm, quel délice. Connaissez-vous le fabuleux tableau « le déjeuner sur l’herbe » de Manet ?…
La conversation continua comme ça, caressé par la musique du petit vent dans les feuillages, embaumées par les fleurs printanières et ceci, jusqu’au moment où le soleil disparu derrière les collines et ou je dus  prendre congé de ces charmantes personnes et reprendre mon vélo pour mon voyage retour.
C’est alors que je m’aperçus que j’avais passé quelques heures si délicieuses que j’en avais même oublié la raison de ma venue dans ce coin enchanteur et que ma canne à pêche était restée attachée au cadre de mon vélo.
il n’y a aucun doute : les filles, il n’y a rien de mieux. Même la pêche à la mouche peut toujours aller se faire voir.Le mouching, fly fishing,femmes