Il y a quelques mois, Stu Hastie, un photographe kiwi de grand talent, a publié sur sa page facebook une histoire que j’ai trouvé beaucoup trop bonne pour ne pas la partager avec vous. Je lui ai de suite demandé sa permission, mais bon, vous savez ce que c’est, la vie et ses complications habituelles… Du coup, je n’ai jamais eu trop le temps de mettre ça en forme pour le poster ici. Allez, c’est le moment d’aller vous chercher un verre de votre poison favori, et de vous asseoir là, Stu nous emmène de son côté du monde. Et ça parle de quelques unes des plus belles choses dans la vie : les pères et les fils, la générosité, la pêche à la mouche… Et le montage d’une canne. Une Epic en fibre de verre

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J’imagine que la plupart d’entre vous n’a jamais monté de canne. C’est un projet auquel, à mon sens, tout pêcheur à la mouche devrait songer sérieusement. Tout comme monter ses propres mouches, ça change quelque chose à la totalité de l’expérience. Cela donne aux moments de pêche une résonance plus profonde, plus personnelle.

Voilà comment Stu lui-même raconte l’histoire.

Il y a quelques mois, juste à la fin de la saison des truites, j’ai emmené « machin n°1 », l’aîné de mes trois fils, pour une dernière sortie avant la grande hibernation.
Il avait un peu de mal avec sa canne en carbone, alors vers la fin de la journée je lui ai prêté mon Epic en fibre de verre. Je ne sais pas à quoi cela tient, mais il se débrouillait sacrément bien avec ce truc ! On n’avait pas eu de bol parce qu’on était arrivé sur la rivière juste après un autre pêcheur, ce qui rendait les poissons très faciles à effrayer, et nous n’avions pas réussi à piquer quoi que ce soit de la journée. Le mec a quand même fini par partir, et nous sommes arrivés sur des coins intacts.

On a repéré un beau poisson dans une fosse profonde, qui se décalait tranquillement et nymphait bien. Le poisson remontait lentement la rivière, et quand j’ai conseillé à mon fils de lancer quelques mètres en amont, il s’est exécuté tout en facilité ! C’était beau à voir, et ça m’a rempli d’un orgueil que j’aurais peine à décrire. A chaque passage, je croisais les doigts pour que le poisson prenne la mouche, et finalement il l’a prise. Machin n°1 a fait ce qu’il avait à faire, et en dépit de mon travail à l’épuisette plutôt médiocre, le poisson fut enfin pris. A la pesée, il s’est avéré être son record personnel, et depuis ce jour il m’a harcelé pour avoir une Epic… Je lui ai dit qu’il pourrait en avoir une pour son quinzième anniversaire, ce qui a suffi pour le calmer même si ça signifiait trois ans d’attente.

Ce soir, j’ai eu le plaisir de lui dire qu’il pourrait avoir une Epic sans attendre. Carl [Mc Neil] de Swift Fly Fishing a eu vent des trois ans d’attente de Machin n°1, et lui a très généreusement offert une canne. Alors ce soir, on a filé sur le site pour concevoir sa canne personnelle, choisir la couleur et les éléments. Je ne le lui ai pas encore dit, mais il va devoir la monter tout seul aussi, sous mon regard attentif, bien sûr. Dans ce monde du jetable dans lequel on vit, ce sera une bonne chose pour lui d’être fier de sa canne, et ce sera aussi une super excuse pour quelques grands moments de complicité père/fils.

Machin n°1 a pris quelques belles arcs ces dernières saisons, mais il doit encore prendre sa première Fario. Il a très envie d’en toucher une, alors d’ici à ce qu’il ait monté la canne et que l’ouverture arrive, le 1er octobre, il sera en ébulition totale !

Et voilà la quête de Machin n°1, à la poursuite d’une Fario Epique…

Si vous regardez les images, vous verrez tous les moments qui comptent dans le processus de la construction d’une canne, depuis les premiers rêves sur les catalogues en ligne, l’excitation du paquet qu’on ouvre, puis le labeur tranquille de l’assemblage, l’excitation encore des premiers lancers sur le gazon (si tu as gardé la moindre parcelle d’enfant en toi, à moins d’habiter littéralement sur la berge d’une rivière, tu ne pourras pas attendre d’être au bord de l’eau) jusqu’à la fierté de relâcher le poisson que tu as pris sur ta canne… Et quand la bouille d’un môme brille à ce point, et que le photographe a ce genre de talent, l’histoire que les photos racontent est juste splendide.

Montez vos cannes !