Gilles Clément, tu connais ? Ce n’est pas seulement un des plus grands concepteurs de jardins de France, c’est surtout un de ces rares artistes qui changent en profondeur la manière de comprendre leur matériau. Ses jardins sont des systèmes presque autonomes, où l’homme est l’invité plus que le créateur. Mais c’est aussi un très bel écrivain. Et ça je ne le savais pas. C’est un penseur et en même temps un styliste : tu te régales à la lecture, et après ça t’es parti pour cogiter pendant que tu montes une douzaine de bibio marci.

Le livre dont je viens te parler aujourd’hui s’appelle Traité succint de l’art involontaire. L’idée c’est que le regard peut se former à capter la beauté de certains arrangement plus ou moins aléatoires qu’on rencontre là où les hommes et la nature se frottent. Des envols, des vracs, des îles, des apparitions, des érosions… Du coup tu vois, je me dis : tout pêcheur vit dans ce monde là. Autant écouter un sage qui nous apprend à le regarder un peu autrement. Au pire, ça ne peut que confirmer ce qu’on sait déjà, que la pêche n’est vraiment magique que quand on sait y voir…