– Modèle Mirage 6’6’ pour soies de 4/5.

Il se trouve que je suis devenu l’heureux propriétaire d’une canne à mouche, encore et toujours et une de plus, mais cette fais il ne s’agit pas d’un fouet à truites « conventionnel » ou encore d’une trique à thonidés. J’apprécie toutes sortes de matériaux utilisés pour confectionner le blank d’une canne à mouche; allez admettons, une superbe canne reste une superbe canne quel qu’en soit le matériau: carbone ultra-léger dernière génération, fibre de verre classique, vitre moderne ou matériaux naturels. Toutes les cannes incorporent un certain savoir-faire et les cannes d’exception en incorporent encore davantage.DSC_0415

Les cannes en matériaux naturels, par contre, semblent posséder quelque chose que les cannes en « plastique » ne possèderont que très rarement, à savoir une âme. La façon dont je vois les choses, cette âme consiste en une combinaison des qualités inhérentes de la matière brute, dans notre cas l’Arundinaria Amabilis – canne du Tonkin, ou en termes simples le bambou, ainsi que l’amour et l’expertise qui vont dans la construction de la canne.DSC_0404

Parmi tous les artisans facteurs de cannes en refendu très qualifiés, ce sont les produits de Bernard Rigal qui ont retenu mon attention, mais seulement au second coup d’œil. D’un point de vue esthétique, ses cannes sont très jolies mais il existe des cannes (surtout d’outre-mer) qui sauront même plaire à des chefs d’Etat et à des magnats d’affaires tant par leur look que par leurs composants (il faudra par conséquent y mettre le prix qui se trouve très, très loin des possibilités de mon portefeuille) ; question action, par contre, les cannes Rigal sauront facilement affronter voire surpasser ce qui se fait de mieux en la matière venu de la Nouvelle Angleterre !DSC_0405

Nombreuses sont les cannes en bambou refendu, dont le « swing weight », terme intraduisible qualifiant la façon dont la canne pique du nez et les sensations que la canne procure lors du lancer, peut entraver l’action de la canne mais presque toutes les cannes de la gamme de Bernard Rigal disposent de cette excellente prise en main « croustillante », presque légère avec un arrêt net. Une fois la soie passée par les anneaux, les cannes Rigal brillent par leur vivacité, surtout si on dispose d’une sélection de soies lors des essais.

Pas spécialement ami des cannes très courtes, j’ai quand-même choisi parmi des cannes de 6’6’’ pour soie de 4/5, en 2 brins assymmétriques avec une finition simple, impeccable et élégante. Les anneaux chromés sont de modèle serpentiforme, le liège de toute première qualité top fleur et avant tout, la canne dispose d’un porte-moulinet à bague coulissante que je préfère sur les petites cannes. Le secret de l’action de la canne réside d’une part dans la conception de la conicité du blank mais également dans le matériau utilisé dans la fabrication des viroles: tandis que la plupart des cannes en bambou refendu utilisent des viroles de précision en métal usiné, les viroles des cannes Rigal sont en … carbone !

Le poids économisé par l’utilisation de viroles en carbone est considérable, il ne se trouve guère de modèle dans la gamme des cannes de Bernard qui dépasse de loin les 100 grammes ! Ceci est dû au fait que Bernard Rigal met en œuvre un processus de fabrication qui enlève du matériel au bambou de façon à alléger le blank, pas vraiment une grande nouveauté, mais la façon spéciale dont le travail est exécuté permet d’obtenir des sections de blank nues très légères, qui, associées à des viroles tout aussi légères, sont à la base de cette action très plaisante, voire rapide, exactement comme ça me convient le plus.DSC_0409

Cette canne est destinée à être pêchée, probablement de façon intensive, en non à être placée en vitrine. Faisant équipe avec une soie appropriée, la canne excelle sur toutes les distances de pêche pour lesquelles elle a été conçue. On peut même effectuer des longs lancers en cas de besoin, mais les courtes présentations précises restent son domaine de prédilection. Comme les « gamins » de chez TOF en Belgique maîtrisent depuis quelque temps la fabrication des soies customisées, il a été facile de se procurer une soie faite sur mesure qui harmonise à merveille avec la canne.

La nouvelle saison s’annonce prometteur sur nos petites rivières à truites…

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Au moment lors duquel m’a été remis ma canne, Bernard m’a proposé d’essayer un prototype de canne mise au point pour un pêcheur de saumons canadien. D’une longueur de 9 pieds et uniquement équipée de composantes de base, j’ai pu me défouler avec plusieurs soies différentes, avec des résultats hallucinants. Les performances de cette canne sont tout à fait comparables à celles d’une canne en carbone dotée d’une action similaire, mis à part le poids du blank. Mais ici aussi Bernard a su m’étonner : tandis que j’aurais juré que la canne dépassait les 125 grammes (estimation conservative, certes), la balance électronique n’a jamais menti et s’est arrêtée à … 99 grammes ! Avec un peu de mise au point en choisissant judicieusement les composantes pour la version finale de la canne, une poignée rallongée, un porte-moulinet un peu plus substantiel et un moulinet saumon en contre-poids, je pense que Monsieur Rigal nous a préparé quelque chose de très spécial.DSC_0407

 

Bernard Rigal peut être contacté sous rigalbe@wanadoo.fr ,  www.bambourefendu.com , et sera présent sur son stand au Salon de Charleroi