J’ai dans ma collection de livres de pêche, un truc incroyable, un espèce d’Ovni, venu de nulle part et dont je ne me lasse pas de regarder les photos, ceci année après année. Autant certains bouquins de pêche deviennent démodés par leur mise en page et par leur style, autant celui-ci, intemporel, est sans cesse un plaisir.192-cover 192-1

Upstream de Charles Lindsay et Tom McGuane, de superbes photos en noir & blanc, proche de l’art abstrait, espèces d’aikus, qui instantanément ravivent en vous les bruits, les odeurs, les sensations de la rivière, miracle de l’art. Sur la photo de ce Saumon, on touche des yeux la peau si particulière de ce poisson, dont les écailles, fines et petites, donnent la sensation de caresser un serpent.image-81

Que nous reste-t-il, une fois le mois de janvier arrivé ? Les doux souvenirs immortels des chaudes soirées d’été où le coup du soir devient notre seule raison d’être, les après midi pluvieux du printemps, où à l’abri sous le ruissellement des gouttes, on attend la fin de l’averse pour  qu’éclosent enfin les grasses et jaunes mouches de Mai ? De tous les livres qui sont là, éparpillés près de moi, c’est celui que je préfère, car c’est le seul qui m’emmène me promener le long des berges et ressentir ce que nous seuls pêcheurs connaissons, cette sensation si délicate d’un bonheur indicible.