C’était le début de l’été. Une chaleur à crever. La Juliette avait pris quelques jours de congé, mis ses dossiers au placard et était descendu à fond les manettes en Ardèche pour nous voir et se changer les idées.

On s’était installé sur les grandes roches plates si confortables, au milieu de la rivière à la sortie de Rozière, déroulé les vieilles rabanes effilochées, sortis du panier les bouquins, les bouteilles de limonade et les tubes de crème solaire. Moi, pensez bien que l’appel de la rivière était bien trop fort pour que je reste sagement à écouter Juliette et ma femme parler chiffon. Aussi , je pris mon attirail de pêche que j’ai TOUJOURS avec moi et levais le camp vers le grand trou d’eau où, sans aucun doute, devaient m’attendre toutes sortes de gâteries. Truites rares, chevesnes, gardons, n’importe quoi avec des écailles et des nageoires ferait bien l’affaire. Pas raciste, le mec ! La petite imitation de scarabée noir que j’avais fais avant de partir, faisait merveille en cette saison. Rien de mieux au monde que cette mouche pour s’amuser un après-midi de grand soleil. D’ailleurs je ne partais plus à la pêche qu’avec une vieille boite de pastille Pulmoll remplie de 4 ou 5 de ces imitations; ça suffisait amplement. J’étais devenu le Prince de la pêche minimaliste.
Au bout d’une demie heure de paradis, mon attention fût troublée par des cris stridents provenant des roches où j’avais lâchement abandonné les gonzesses.
Pris d’angoisse, j’abandonnais là tous mes copains poiscailles et me précipitais , au risque de casser les jambes sur les cailloux glissants de la rivière, sur les lieus du crime.
Les filles avaient remis à la hâte leurs soutien-gorges de couleur et la Juliette était encore toute écarlate de colère. La raison en était qu’à deux pas du rocher ou les nénettes se faisaient  bronzer les nénés, un buisson très ardent avait offert une planque idéale à un groupe de cinq ou six petits gitans qui s’étaient rincé l’oeil et qui, l’excitation devenant incontrôlable s’étaient tout bonnement branlés copieusement en matant les nichons de Juliette. Alerté par les gloussements des gredins, la Juliette avait poussé des cris d’apaches, cris qui avaient fait fuir les gamins la queue entre les jambe.
Encore aujourd’hui, quand je repense à cette aventure cocasse, je ne sais toujours pas si mon amie avait été vexée d’avoir remplie le rôle d’une image de magazine pornographique ou discrètement flattée d’avoir excité tant de jeunes coqs en rut.branlette