[to read in english, click here and go bottom of the page]  Comme leur avaient conseillé Freddy de “Freddy chasse et pêche », ils avaient pris les defilés de Ruoms et s’étaient garés au virage, sur le petit terre-plein de la maison abandonée. Là, ils avaient déchargé leur 4X4 du materiel de pêche et avait entrepris la descente vers la rivière. Pas bien méchante, cette descente, mais Rosette avait le vertige.

« Regarde où je mets les pieds et fait pareil, bordel ! Et il ne t’arrivera rien, bougre de connasse ! » avait glapi Henri, son époux. Quant au petit Hervé, chargé comme un âne, il ne bronchait pas, tout à l’excitation de cette partie de pêche. Il était neuf heure du matin et les cigales avaient commencé leurs “GZI,GZI, GZI », depuis belle lurette. Le soleil était déjà haut et la journée s’annonçait chaude. Rosette transpirait comme une gouttière. 130 kilos bien tassés y étaient certainement pour beaucoup et son chemisier rempli de ces mamelles insolentes étaient déjà tout trempé sous les aisselles. Elle marmonnait des trucs incompréhensibles en respirant bruyamment par le nez, la bouche ouverte, laissant voir une mâchoire de jument agacée.

Lorsqu’enfin ils déboulèrent sur la rivière, pas une seconde ne fut perdue et ils se mirent tous les trois à déballer le materiel, les lignes aux bouchons colorés comme des patisseries tunisiennes, la grande épuisette adossée à un buisson et l’énorme panier en plastique vert qui devait à coup sûr se remplir de poissons. Rosette avait troqué son chemisier contre un énorme maillot de bain couleur « chaire“, bien trop petit néanmoins pour  son anatomie dont les bourrelets faisaient preuve d’independance et, empoignant une canne à pêche, entra dans la rivière. Henri, lui, avait decidé de rester sur la berge et sa chemise blanche immaculée avait à coup sûr par son éclat foudroyant, fait fuir tous les poissons du secteur. Le gamin était excité comme un pou. Émerveillé, il cavalait dans l’eau avec une joie impossible à dissimuler : «Papa, papa, j’en ai vu un . Un gros de gros, comme poisson. Là-bas, sous l’arbre ! J’y vais le chopper le gros de gros !»

«Reste là, Hervé, nom de Dieu !» Hurla Rosette. « Si tu te noies, j’irais pas te chercher ! Mais qu’il s’est qui m’a foutu un morveux pareil ? Henri, je t’avais dit de le laisser en colo à Abbeville . Nous aurait foutu la paix, le petit con ! Ah bravo les vacances en Ardèche ! Quel empoté tu fais ! Et t’as vu les asticots que tu t’es fait refiler ? Tous crevés les asticots. C’est plein de mouches dans la boîte. Àh ! Il t’a vu venir le marchand d’asticots de mes deux ! Une poire ! C’est tout ce que tu es : une poire !»

Le Henri il disait rien, mais on voyait bien les articulations de ses doigts blanchir sur le manche de sa canne à pêche. Il ruminait en silence : «Elle perdra rien pour attendre la grosse vache. Mais qu’est-ce que j’étais con quand le l’ai baisé et que je l’ai foutu en cloque, cette mochetée. J’aurais mieux fait de me les couper. Et regarde un peu le moutard ! Aussi tarte que sa mère. Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu. Putain de merde ! »

C’est des trucs comme ça qui tournait dans sa caboche au Henri, jusqu’à on onze heures et demie, heure où les premiers canoes-kayaks firent leur apparition après la courbe de la rivière, en amont. Une bande de hollandais ou d’allemands qui gueulaient des trucs en W. et R. Ils avaient l’air rudement heureux, eux. Pas comme nos pêcheurs bredouilles qui n’avaient cessé de s’envoyer des monstruosités au visage.

«Allez, on remballe. Y vont nous casser le coup, ces Indiens de merde !» déclara Rosette. Et à toute vitesse, les voilà de nouveau sur le chemin escarpé, direction la route là haut et que c’est plus facile à descendre qu’à remonter, je vous jure. Rosette qui portait la glacière bleue et jaune était déjà suffisamment déséquilibrée par son obésité et n’était pas à la fête. Arrivée sur le petit surplomb aux trois quarts de la montée, son pied droit glissa sur une saloperie de cailloux et, tout doucement, comme dans un film au ralenti, voilà la Rosette qui bascule dans le vide. Oh, pas bien terrible la chute, mais néanmoins  trois bons mètres avant qu’elle n’atterrisse bruyamment sur un bosquet de pauvres buis et la voilà qui se met à hurler : «Henri, putain, je crois que je me suis cassé la patte. Viens me chercher et grouille-toi espèce de manche !»

«Maman, maman» braille le petit Hervé «papa…, papa, maman s’est fait mal ! Papa.., papa ! »

«Toi, le morveux, tu la boucles et tu avances. Et pas un mot ou ça va chier !»

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They followed Freddy’s (of Freddy’s Hunting and Fishing store) advice and took the road out of Ruoms that parallels the Ardeche river and parked at the curve of the road on the strip of land beside the abandoned house. Quickly, they unloaded the fishing gear from the 4×4 and started down the path to the river. The descent wasn’t that bad but Rosette suffered from vertigo.

« Just watch where I put my feet and do the same, damn it! Nothing’s going to happen to you, dumb bitch! » barked her husband Henri. As for little Herve, he was so excited to go fishing that, although loaded down like a donkey, he said nothing. 

It was nine o’clock in the morning and the cicadas had long since started their « GZI, GZI, GZI »; the sun was already high and the day promised to be hot. Rosette sweated like a pig. Her well tamped 250 pounds didn’t help and her colossal breasts filled her blouse already wet at the armpits. She mumbled the whole time, breathing loudly through her nose while showing her big horse teeth.

Finally reaching the river they didn’t loose a second unpacking their gear; lines with multi-colored floaters not unlike oriental pastries, a huge fishing net that they hung on a bush, and an enormous green plastic creel that would, surely, soon be filled with fish.

Rosette traded in her wet blouse for a massive skin-colored bathing suit, too small for the rolls of fat that claimed their independence; she grabbed a fishing rod and marched into the river. Henri decided to stay on shore and stood by river in an immaculate, blazing white shirt that surely spooked all the fish in the area. The boy was in heaven, marveling at everything as he romped in the water with irrepressible joy.

« Papa, papa, I saw one. A really big fish. Over there under the tree. I’m going to go get it! »

« You stay right there Herve, damn it! «  screamed Rosette. « If you drown don’t expect me to save you. I don’t know who saddled me with a brat like this! Henri, I told you to send him to camp in Abbeville. Without the little jerk we would be left in peace. Ah bravo for the vacation in Ardeche; what a bumbler you are. And did you see the worms that guy gave you? They’re all dead, the box is filled with flies. That bloody salesman, boy, he really saw you coming. A sucker!  That’s what you are, a sucker. »

Henri clutched the handle of his rod until his knuckles turned white; he said nothing. Silently he thought: « She’ll get hers, the big cow. What a jerk I was to fuck her and knock her up, the hideous bitch. It would have been better to have my balls cut off.  And the little brat is as detestable as his mother. What did I do to deserve this?  Goddamn. »

Those were the thoughts that whirled in Henri’s head until 11:30 when the first canoes and kayaks appeared at the curve in the river upstream. A bunch of dutch and germans were shouting words with W and R, but they really seemed happy, them; not like the three skunked fishermen throwing mud at each other.

« O.K. lets get out of here. they’re going to spook whatever fish are here, these stupid indians » declared Rosette. In no time, there they were, back on the steep path to the road, which is easier to descend than it is to climb, I assure you. Rosette, who was sufficiently unbalanced by her obesity, carried the yellow and blue cooler; she was not a happy camper. Arriving at an overhang about three-fourths of the way up, her right foot slipped on a nasty stone and slowly, like a film in slow-motion, she plunged into the void. The fall wasn’t that bad, but never-the-less it was a good ten feet before she landed loudly in a grove of boxwood and started screaming, « Henri, damn it, I think that I broke my foot. Come and get me out of here and make it snappy you clumsy oaf. »

« Mama, mama » bawled little Herve, « papa…papa, mama hurt herself! Papa, papa! »

« Shut your mouth you little brat and keep walking. And not a word or all hell will break loose. »