Comme j’ai pu le voir avec Lukas, au cours d’une récente partie de pêche, les gars du crew DanicaDudes sont de vrais passionnés. Le partage de connaissances et de valeurs est vraiment important pour eux. Alors les voici en interview.

Greg : Bonjour à vous, qui se cache derrière Danicadudes?

Lukas: Nous sommes un groupe à fond dans la pêche à la mouche, qui aimons partager notre passion pour la pêche bien entendu, ainsi que la préservation de notre précieuse nature. Et nous pensons, en tant que pêcheur, que nous avons un grand intérêt et beaucoup de possibilités pour aider notre environnement à aller mieux.

Je trouve toujours intéressant de connaitre vos parcours personnel, pouvez-vous faire une petite présentation de chacun d’entre vous?

Ça a commencé avec deux frères, Kristof et Lukas, et un ami de longue date Lukas (alias Church, parce qu’on ait deux), un jour où on pêchait la rivière Isar, prêt de Munich, à la mouche. Kristof est le plus vieux de nous deux et a commencé la pêche à la mouche avec une vieille canne de notre père. Il a rapidement montré de l’intérêt pour cette technique. Je l’ai rejoint après quelques années, et nous nous sommes engagés dans la section jeune d’un club local. Church nous a rejoint par la suite pendant ses études avec Kristof. Et chacun d’entre nous a sa technique de pêche préférée, ainsi que son espèce visée.

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Du coup, quelles sont ces techniques et ces poissons pour chacun d’entre vous?

Church est LE passionné de la pêche du brochet de notre groupe. Chaque fois que nous traversons un spot à brochet, nous devons faire une petite pause afin de regarder si nous avons une possibilité de les pêcher. Il monte également les plus jolis tubeflies que j’ai jamais vu.

Kristof est le spécialiste de la pêche à la canne à deux mains avec des petits streamers. Mais c’est également un puriste de la pêche en sèche, donc les pêches fines c’est sa tasse de thé. Mais il pêche aussi le saumon du Danube, ce qui est assez étrange, mais il le cherche seulement quelques semaines.

Je suis un peu le paresseux, qui aime pêcher en noyée avec un long bas de ligne et une grande canne pour taquiner la truite. Mais j’aime bien expérimenter toutes les méthodes de pêche possibles et quand je suis en train de pêcher, je suis heureux.

Comment est né Danicadudes et quel était votre objectif de départ?

En pêchant tous les trois, nous avons pensé à la façon dont la pêche sera dans quelques années ou dans 30 ans. Nous avons ensuite pensé à notre place dans le milieu halieutique. Et avec quelques connaissances en écologie, nous avons également parler des moyens de préserver la pêche d’aujourd’hui pour les générations futures.
Alors, nous avons créé un groupe et le blog DanicaDudes, afin de partager notre expérience de pêcheurs autour du globe et nos idées pour restaurer l’écosystème que nous avons devant nous.
Nous avons juste voulu créer une plateforme avec des pêcheurs ouvert d’esprit comme nous, pour partager nos idées et créer une communauté, dans laquelle on peut discuter de choses et d’autres.

Vous êtes bavarois, quel est le potentiel halieutique de cette région (tout le monde connaît les Trauns mais je pense qu’il n’y a pas que ça)?

En Bavière, il y a une quantité énorme de rivières et ruisseaux dans lesquels pêcher. Beaucoup d’entre elles sont privées et ne sont pas accessible à tout le monde. La plupart des pêcheurs pensent que les rivières limpides des montagnes sont LES spots de pêche à la mouche en Bavière. Mais il y a beaucoup plus à offrir que la région alpine. Yes, c’est plutôt cool de pêcher là-bas, mais quel que soit l’espèce que tu veux pêcher en eau douce, il y a plus d’une possibilité d’y arriver.

Quelques rivières connues, comme La Traun, sont superbes et faciles à pêcher, parce qu’il y a une grande quantité de poisson déversée dedans. C’est comme ça si tu veux garder certains clients qui s’attendent à ce type de pêche. Mais nous sommes toujours à la recherche de jolis coins de pêche que connaissent certains pêcheurs et qui sont difficiles à trouver. Pour nous, ce n’est pas qu’attraper poisson sur poisson ou chercher « THE FISH », mais le but c’est de passer un bon moment au bord de l’eau à la recherche d’un poisson qui se nourrit, plus ou moins dans son environnement naturel et qui au mieux à frayé dans ces eaux.

Pour nous, la Bavière ce n’est pas que la pêche de la truite et de l’ombre. Il y a beaucoup plus à offrir. Nous avons passé beaucoup de temps dans notre rivière à truite locale, mais nous trouvons toujours du plaisir avec les autres méthodes de pêche.

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Tu dis que la Bavière ce n’est pas seulement des ombres ou des truites. Quels sont les autres espèces ? Et parmi celles-ci, les plus intéressantes à pêcher ou incontournables ?

Bien que la pêche se passe principalement en rivière, d’ailleurs je ne fais « presque » que ça. A part le brochet, nous ne cherchons pas trop dans les lacs, à l’exception des lacustres dans les lacs alpins, mais on ne s’est pas encore trop lancé.

Les rivières ont un large choix d’espèces, mais LE roi de nos rivières, c’est incontestablement le saumon du Danube. Suivi par les truites farios et les poissons d’élevage (arc et fario) et le prince des rivières : l’ombre.Mais la pêche ne s’arrête pas là. Oui, la pêche à la truite est la plus courante, les ombres étant protégés dans beaucoup de rivière afin augmenter leur population, parce qu’ils ont presque disparu.

L’une des spécialités, c’est la pêche du barbeau. Ils sont très difficiles à prendre en nymphe et c’est une pêche délicate. Quand tu en as assez de les pêcher en nymphe, tu peux essayer d’attraper les chevaines en surface (en sèches ou aux poppers). Ce sont des véritables machines de combat très agressives, et bien souvent ils ne font pas partie des espèces classiques recherchés par les pêcheurs à la mouche.

Il y a des brochets et des perches qu’on recherche au streamer, et tu pourras aussi attraper quelques truites. La truite devient vraiment grosse ici, donc nous n’avons pas peur de mettre de gros streamer.

En plaine, quand les rivières deviennent plus grosses, tu peux tenter l’Aspe en utilisant des poppers ou des streamers sur des soies flottantes.

Une autre spécialité, c’est la pêche du Corégone en sèche pendant la saison de la mouche de Mai.

Donc avec toutes les espèces de poisson qu’il y a dans nos eaux, il est difficile de faire son choix pour une journée de pêche. Certains sont difficiles à attraper, et d’autres plus simples. Mais en tout cas, la pêche de la truite n’est pas la seule chose que la Bavière a à offrir.

Au Mouching, on vous a connu à la suite d’une petite vidéo de pêche au brochet en rivière. Ensuite, vous avez fait une petite série « A Day with a dude ». On sent un peu du « Hooké », est-ce qu’ils sont une source d’inspiration pour vous?

Mon frère Kristof est le “coordinateur du projet” quand il est temps de faire des films. Nous avons commencé avec des courtes vidéos sur nos parcours locaux, suivi par des films de nos voyages de pêche. Nous essayons de capturer ce qui nous entoure, l’atmosphère, le poisson lui-même n’est pas notre objectif. Oui, évidemment nous suivons Hooké et nous prenons des idées de leur formidable travail, mais des personnes comme Rolf Nylinder attirent notre plus grande attention! La partie la plus difficile, c’est de réussir à transmettre dans nos vidéos, notre état d’esprit quand nous sommes à la pêche ou que nous profitons de l’extérieur.

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Vous êtes également engagés dans la préservation de l’environnement et plus particulièrement les rivières. Vous avez participé au sommet des rivières européennes, réalisé un film sur la gestion des rivières… tout d’abord, comment c’est passé ce premier sommet? Pour le film Fluss.Mensch.Zukunft, on voit des images subaquatiques. Il me semble, Kristof, que tu as travaillé avec Daniel Goez. C’était pour ce projet ou rien à voir?

Le film “Fluss.Mensch.zukunft” est, pour le moment, le plus gros projet qui a été réalisé par Kristof et Church en partenariat avec leur université. Il a reçu beaucoup d’applaudissements et ils ont voyagé dans toute l’Europe pour présenter leur film lors d’événements privés et publics. Le film amène les gens à réfléchir sur l’état actuel des rivières, ainsi que sur la façon dont elles sont gérées. Il parle également de l’introduction des poissons d’élevage. Le film montre qu’il y a une meilleure population quand on ne déverse pas ces poissons mais qu’on utilise cet argent pour améliorer l’habitat des insectes et celui des poissons.
Daniel Goez est un bon ami, et bien évidemment, nous apprenons beaucoup en regardant sa façon de réaliser ses films et ses prises de vues subaquatiques. C’est un très bon réalisateur et photographe. Nous avons été fascinés par son premier long-métrage « Tâpam » (mais il y a déjà une interview de lui).

Vous voyagez beaucoup, récemment vous êtes allés au Danemark, mais vous êtes allés aussi en Italie, Norvège… Quel est votre destination préférée? Pourquoi? une petite anecdote?

Kristof et moi avons exploré beaucoup de destinations et de pays, parce que nous avons eu la chance d’avoir des parents qui aiment voyagé et qui ne craignent pas d’avoir un (ou deux) enfant en plus dans leurs bagages.
Mais en tant que DanicaDudes, notre premier grand voyage de pêche a été la Norvège. Nous avons passé 6 semaines à vivre dans une tente, avec nos cannes montées tout le temps, et une voiture pour nous trimballer dans les différents spots. Nous avons passé un excellent séjour là-bas, qu’aucun d’entre nous n’oubliera. Et nous avons expérimenté de nombreuses techniques et styles de pêche différentes.

De plus, nous avons voyagé en Slovénie, en Suisse, en Italie, au Danemark et dans bien d’autres pays. Nous sommes restés en Europe la plupart du temps, mais avec des amis pêchant à la mouche dans le monde entier, certains d’entre nous se sont éparpillés pour pêcher aux États-Unis ou dans des régions isolées d’Europe, comme les Hautes Tatras en Slovaquie.

Avec un second voyage en Norvège (nous ne pouvons pas nous passer là-bas), et même si nous n’avons pas vu tout le pays mais juste une petite partie, nous pouvons deviner tout le potentiel que ce pays a à offrir. Donc si tu demandes aux DanicaDudes, dans quel pays ils veulent aller pêcher ensemble, ce sera la Norvège.

En août 2016, nous avons passé nos nuits à pêcher les truites farios sur des petits spent, alors qu’on pêchait le brochet l’après-midi (tout en attrapent des coups de soleil). Le lendemain, il a plu si fort que nous avons dû chercher un sauna pour nous réchauffer, mais nous avons finalement pêché la nuit pour attraper des truites même si on ne voyait pas un gobage à la surface de l’eau. Si après trois lancés tu perdais ta mouche, il était inutile de tenter dans remettre une, car tu n’y voyais plus rien.

On connait Danicadudes grâce à vos vidéos mais vous ne faites pas que ça!!! Vous vous êtes récemment lancés dans la création d’un flyshop?

DanicaDudes est toujours un blog sur le plaisir de la pêche à la mouche et sur notre responsabilité envers notre écosystème.
Kristof (qui offre des cours de lancer) et moi avons créé un flyshop appelé « Isarfliegen ». Avec nos connaissances des différentes techniques de pêche utilisées dans le monde entier pour la truite, l’ombre, le brochet, le saumon, le snook et tout le reste, nous pouvons offrir une énorme gamme. Avec cela, nous voulons aider les autres pêcheurs à la mouche avec nos recommandations, sur le choix de la mouche, à quelles occasions ou quelles rivières les utiliser. L’objectif n’est pas de faire beaucoup d’argent, nous avons tous les deux un travail ou suivons des études, mais nous voulons aider grâce à ce que nous connaissons. S’ils ont des questions, nous offrons nos conseils sur tous les sujets que nous maitrisons ! Et oui, nous avons bien des mouches de pêche (sans ardillon), et beaucoup d’accessoires utiles, comme le Monomaster, pour protéger notre planète à chaque fois que nous sommes sur l’eau. Nous avons eu l’opportunité de devenir un distributeur de mouches qui sont produites au Kenya, avec les normes de travail européennes. Nous suivons chacun de nos produits et nous pouvons choisir ceux que nous voulons distribuer. Avec notre « made in Bavaria », nous faisons des mouches qui fonctionnent vraiment très bien mais qui ne sont pas trouvables dans les magasins, le tout montées sur des hameçons Ahrex Hooks. C’est uniquement faisable si tu pêches régulièrement et si tu vis pour la pêche.

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Quels sont vos prochains projets?

Pour le moment, c’est difficile à dire. Nous avons bougé soit pour le boulot ou soit pour les études. Donc on essaye de se voir tous ensemble le plus souvent possible. Mais nous prévoyons de faire un suivi de nos sorties de pêche sur les rivières locales de chacun d’entre nous. C’est comme “A day with a Dude”, mais une seconde version avec nos nouveaux spots. Je suis situé en France près des Alpes française et suisse, et Kristof et Church ont eu l’opportunité d’aller étudier en Autriche, avec un grand choix de terrain de jeu ! Donc chacun débute une nouvelle voie sans oublié du bon temps à la pêche.

Un dernier mot?

Pêcher rassemble les gens ouverts d’esprit, et c’est facile de créer des liens avec eux. En tant que DanicaDudes, nous espérons que des groupes comme nous se créent, et que l’on puisse ressentir cette sensation de joie qu’on trouve au bord de l’eau. Les ruisseaux, rivières et lacs changent tous les jours et quand on y est, on se sent chez soi.
Et chaque pêcheur à la mouche se sent bien quand il est avec sa canne à la recherche d’un poisson. C’est une sensation qui n’est pas facile à avoir, donc ne devons conserver notre façon de pêcher et renforcer nos actions.

Merci pour le temps que vous m’avez consacré.

Un grand merci à vous et tous le meilleur, et « tight lines » comme d’habitude !
À bientôt

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