Un œil de truite !

vue

Halford doute que la truite puisse voir les couleurs, par acquis de conscience, il conseille d’imiter celles de l’insecte vivant. Alfred Ronalds a étudié la vision de la truite, notamment ses champs de vision. Pour la perception des couleurs, il préfère s’abstenir, mais conseille de choisir un matériel de montage se rapprochant des couleurs naturelles.Aujourd’hui, tout porte à croire que les truites voient les couleurs, ou certaines couleurs. Les génis en blouse blanche nous le confirme du fond de leurs laboratoires. Elles feraient même la différence entre les tons d’une même couleur. Ce qui n’étonnera qu’à moitié les monteurs de mouche qui possèdent des fils, perles et dubbing de toutes les couleurs sur leur table de montage. En revanche, comme beaucoup de poissons, elle ne verrait pas le bleu. Plus interessant, nos salmonidés sont très sensibles à la réflexion ou réfraction des ultra-violets ce qui explique les réactions d’attaques que suscitent les cuillères, les perles dorées, argentées ou cuivrées ou les fins tinsels qui enjolivent nos mouches. En fait, nos poissons moucheurs percevraient les vibrations lumineuses correspondant aux fréquences de la lumière. Des ondes imperceptibles pour l’homme. Au vu de ces données, nous comprenons mieux l’intérêt souvent empirique des monteurs de mouche et bien sur des éleveurs de coqs pour la brillance des plumes. Les rouges, oranges vif ou vert pomme exercent un attrait indéniable chez nos salmonidés. Il serait moins dû aux couleurs elles-mêmes qu’a leur capacité à réfléchir ou « accrocher » la lumière. Un rouge serait  pour la truite particulièrement « lumineux » et “vivant”, et ce même rouge cerclé de noir apparaîtrait bien plus contrasté aux yeux d’une truite ou d’un saumon qu’à nos yeux humains. La réflexion de la lumière leur est révélée plus nettement sur les pourtours de l’artificielle, là ou les rayons lumineux caressent les matériaux qui la composent.

 

Mais chaque médaille, pour brillante quelle soit, possède son revers, un moulinet aux chromes étincelant serait une hérésie car il agit sur la truite comme le meilleur des épouvantails. Carbone trop vernis et anneaux de canne argenté c’est du pareil au même. A éviter aussi de jouer au pêcheur « blin-blin » en arborant des badges trop brillants, des ciseaux ou coupe-ongles aux reflets éclatants.
Tous les  animaux ne partagent pas cette sensibilité à la réflexions des ultra-violets. Les cervidés ou les sangliers sont achromatopes, ils ne discernent  pas les couleurs ni les tons fluorescents. Les chasseurs les utilisent pour se repérer entre-eux tout en restant discrets au regard de leurs proies. Au Canada, les habits à carreaux rouges et noirs, si caractéristiques, sont obligatoires pour les chasseurs. Très visible pour l’homme, les animaux ne les distinguent pas de la végétation environnante.
Quand à nous pauvres humains, tout comme nos cousins chimpanzés et malgré un spectre de couleurs d’une richesse que tout animal devrait nous envier, nous ne verront jamais le « pourpre” des abeilles. Notre oeil sera à jamais incapable de le définir.


 

 La couleur orange reçoit une lumière blanche et absorbe tous les rayons de la lumière, sauf un, l’orange, d’où son nom. En fait l’orange serait tout sauf orange. les scientifiques sont de drôles de gens.




 

Juan Miquel Touron