J’ai lu ce récit de Pete Fromm en 2014. Une lecture qui m’a marquée et je pensais la partager avec vous, si certains d’entre vous ne l’ont pas déjà lu ! Ce roman n’est pas une fiction, c’est le récit d’une mission qu’il a menée, à l’âge de 20 ans (en 1990) pour les Eaux et Forêts de l’Idaho. L’étudiant fauché a trouvé le job idéal : passer 7 longs mois d’hiver à surveiller un bassin où couvent près de deux millions d’oeufs de saumon, dans la rivière Indian Creek, située à plus de 1 500 m d’altitude, dans les forêts sauvages, à la frontière du Montana.

poche og1Pete était à l’époque étudiant en biologie animale à la fac de Missoula (au Montana). Sans réelle passion, il accepte ce job pour un salaire de misère sans avoir les compétences exigées : il ne sait ni chasser, ni faire un noeud et n’a jamais passé un hiver en montagne sous une tente par des températures de moins 20. Mais il a dévoré le roman The big Sky de A.B Guthrie et se rêve en Boone Caudill, le personnage principal de ce roman et aventurier émérite.

Ses amis, inquiets de le voir partir seul, lui offrent un chiot qu’il s’empresse d’appeler Boone et qui sera son seul et unique compagnon. A peine arrivé sur place, le jeune homme réalise son erreur mais il est trop tard pour faire marche arrière.

Pete Fromm livre ici le récit initiatique de ce jeune homme qui doit non seulement apprendre à survivre, et compter sur lui-même, c’est également une très bonne leçon à tous les lecteurs qui eux aussi, se sont rêvés un temps aventuriers. Loin des romans que le jeune Pete dévore (entre les romans de Guthrie, Lewis & Clark et même Papillon), la réalité est implacable. Fort heureusement Pete Fromm apprend vite – il finit par chasser, des grouses principalement (cousins des coqs de bruyère) et même par tuer un élan (chasse illégale – une majeure partie du récit raconte ses nombreuses tentatives pour cacher ces kilos de viande). Il apprend à découper l’animal et à le conserver en le fumant. Il se fabrique des mocassins, une fronde, apprend à pêcher, un vrai Robinson Crusoe par des températures à vous faire frémir.  Il doit sans cesse combattre le froid, le gel, l’humidité, les intoxications alimentaires et les éléments de la nature qui se déchainent et le plongent parfois dans une profonde solitude.
Indian-Creek puma

Loin des siens, Pete grandit vite.  Il parle avec amour de ses proches. Il ne sera pas totalement isolé, ayant noué des liens avec des chasseurs de pumas et d’élans (plusieurs chapitres sont consacrés à des parties de chasse) et les garde-forestiers. Personnellement, si j’ai toujours beaucoup de mal avec le principe même de la chasse (celle pour le plaisir), j’ai adoré le récit de ses longues heures à apprécier la nature : suivre pendant deux jours les faits et gestes d’une famille de loutre, profiter de chaque seconde de la venue du printemps, suivre les retour des canards, apprendre le nom des oiseaux, trouver chaque jour des traces d’ours et de mouflons sans jamais les voir et jouer dans la neige avec Boone – le jeune homme ne cesse d’admirer la nature, sublime.

La scène de l’éclipse est ainsi dotée d’un lyrisme unique. Ce récit ravira l’âme d’aventurier qui sommeille en vous mais surtout vous confortera dans l’idée que la nature est imprévisible, sublime, émouvante, étonnante, époustouflante et implacable.
Son aventure publiée, le jeune étudiant devient célèbre : un aventurier des temps modernes. Pete Fromm y a également trouvé sa vocation, il est devenu romancier.
Quant à moi, si j’ai mis du temps à rentrer dans l’histoire, j’ai lu la deuxième moitié d’une traite – perdue moi aussi dans le blizzard américain, à serrer très fort l’adorable Boone.  Un vrai coup de cœur !
Vous pouvez le trouver chez votre libraire, ils l’ont pratiquement tous sous le coude ou sinon le commander sur le site des Libraires .