« La Corse !! La Corse !! La Corse !! » – l’auteur, Jérôme, nous confie ici un souvenir extrêmement marquant, un séjour initiatique qu’il a effectué alors qu’il était en dernière année d’école d’architecture. Le jeune homme se voyait écrivain et célèbre, il se retrouve acculé et abandonné par sa petite amie, aussi ces trois jours en Corse sont de bonne augure.

le saut oblique de la truiteIl doit y retrouver un des ses amis, ancien élève architecte qui a tout quitté pour retourner dans sa Savoie natale et promet à qui veut l’entendre qu’il veut racheter une plantation d’oliviers dans le Sud de la France. Mais lorsque le narrateur descend à la petite gare de Francardu, son ami n’est pas là. Le narrateur l’attend deux heures puis va retrouver sa chambre d’hôte. Le lendemain, nouvelle attente – nous sommes en 1999 – Olivier possède un tattoo qu’il regarde peu. Jérôme décide de ne pas gâcher son week-end et de partir vers la rivière du Golo, où l’attendent, c’est certain des truites par milliers.

Puis l’auteur nous emballe à nouveau avec de sublimes descriptions de la nature, des demoiselles qui viennent se poser sur votre tente, sur les myriades de couleurs dans le ciel et sur terre, sur le calme apaisant de la nature qui réveille en lui un être humain qui exploite l’ensemble de ses sens et il cite même Walden de H.Thoreau.

Admirez donc ces « buissons de myrte, de romarin, de ciste et de bruyère, moutonnant comme s’ils étaient régulièrement taillés par une escouade de jardiniers nippons ». C’est le lieu idéal pour pêcher la truite, en rendant grâce à la beauté du monde.

On rêve à nouveau mais pas pour longtemps, car l’auteur ne nous épargne pas les détails lorsque son héros tombe malade. Et nous voici dans le scato. Je vous épargne les passages. Quel était le but ? Parce que si c’était pour me faire rire, ça n’a pas marché. Mais surtout cela a gâché mon appréciation de ce voyage initiatique et a pour moi, eu un impact non négligeable sur le dernier chapitre, qui aborde ici un sujet extrêmement grave – l’explication à l’absence de son ami. Or impossible de le lire sérieusement puisqu’on s’attend à une blague graveleuse à chaque nouvelle page.

Un premier roman prometteur, celui qui aime la nature, y trouvera des descriptions magnifiques de la randonnée, mais très inégal – j’ai pour ma part oscillé entre admiration et dégoût.  Jim Harrison a écrit sur l’obsession du sexe, comme dans le roman où son héros prend la route avec sa maitresse, il ne « pense qu’à ça » mais Jim Harrison garde le même niveau de style, il ne se laisse jamais aller à la grossièreté – j’ai cru lire deux romans ici, tant le niveau d’écriture est différent.  J’avoue que je suis déçue car il y a tellement de jolis moments et même l’instant le plus grave est très bien écrit – malheureusement le tout est entrecoupé de ces pensées qui, pour moi, polluent le roman. Même s’ils sont extraits de ces précieux carnets, une autobiographie a le mérite, comme l’éditeur doit le faire, de trier le tout. J’aurais aimé en lire plus et en même temps j’ai eu hâte de le terminer pour ne plus être dans les pensées du narrateur, qui réduit chaque femme à un morceau de chair. S’il avait célébré le corps de la femme avec la même poésie qu’il a eu pour la nature et la partie de pêche, j’aurais sans doute tenu un discours différent.

Mon avis, très tranché, contraste avec des avis nettement plus enthousiastes sur les réseaux sociaux, donc n’hésitez pas à le lire – et peut-être que les lecteurs masculins sauront apprécier l’humour décalé.

Le livre n’a pas été traduit en anglais. The book is only available in French.

 


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