Ma rivière, par Flechemuller !

Pas plus grand qu’un mouchoir de poche, ce coin en or massif sur ma rivière chérie.

Un joli courant bordé de grosses pierres sur lesquelles des arbustes et autres verdures pimpantes venaient se reposer les branches par ce soleil de Juin.MON SPOT

Une canicule, disaient les spécialistes de la météo. Et, pour emmerder le réchauffement climatique j’avais pondu un médiocre dessin représentant une femme buvant au goulot d une cruche. La légende de cette horreur était : “ La canicule, je l’encule ! “CANICULE

Et, malgré ce soleil Hiroshimesque, les poissons étaient généreux et jouaient avec moi comme des enfants dans une cour de récréation. Des petits, les plus nombreux, des moyens en petit nombre des gros….enfin…UN GROS !

J’étais revenu à la maison, comblé de bonheur.

Il faut vous dire que, les jours précédents, la pêche avait été misérable. Même une envie de vendre tout mon équipement à prix sacrifié et me mettrez au billiard ou à la belote au bistrot “ les amis “ au village voisin.

Ce mauvais souvenir était bien loin quand je racontais à ma jolie femme mes exploits du jour.

Et que j’en rajoutais sur la quantité et la taille de tout ces poissons que j’avais capturé et relâché ! Des chevesnes, des barbeaux gros comme des banquiers Suisses, des carpes multicolores…..LE BEAU GARDON

Ma femme, habituée à mes mensonges, riait comme une bossue.

Ah ! On en a bu des verres de bon vin blanc frais pour célébrer cette divine journée …

Et, le lendemain, bien sûr, j’ai garé ma moto pas loin de cet endroit beau comme un gâteau d’anniversaire, me suis précipité sur ce rocher émergent au milieu de la rivière, ai pris ma respiration et, au moment où j’allais envoyer ma mouche là où il DEVAIT  y avoir un énorme poisson, j’entendis indistinctement des sortes de braillements  en amont, derrière le virage. Rapidement, ces cris prirent du volume et, misère de misère, des centaines ( peut être des milliers !) de canoës me filèrent des frissons. Attila et ses hordes de Huns…une pacotille à côté de ces touristes déchaînés. L’ autoroute À 7 de canoë .DESCENTE

J’avais complètement oublié qu’aujourd’hui était le premier jour des vacances d’été et que le monde entier s’était donné rendez vous sur MA rivière, juste pour me faire chier.

–  “ Papa…regarde…y a un pêcheur au milieu de la rivière …”

–  “Il a intérêt à foutre le camp, ce con là, c’est moi qui te le dis ! “

Je quittais la rivière le soir venu, chialant comme un gosse à qui on a volé ses jouets

Pendant tout le retour à la maison, je priais pour que le Bon Dieu fasse quelques choses de dramatique afin de changer le cours des choses. Bon Dieu…que j’ y mettais toute mom âme dans ces prières.

Bon Dieu… si vous m’exaucez, j’irai brûler un cierge dans l’église de Beaulieu. Qu’est ce que je dis… une boîte entière de bougies de luxe pour vous remercier. Et pourtant, les églises, c’est pas ma tasse de thé, vous devez être au parfum !

Le lendemain, vous pensez bien que je me rendis à ma rivière le cœur battant, l’angoisse au bord des lèvres.

Lorsque j ‘arrivais près du camping “Aloha plage”, des centaines de campeurs plaisanciers étaient amassés au bord de la rivière et que pas un n’avait trempé ses orteils et quel ne fût pas mon étonnement lorsque je constatais qu’ayant quitté cette rivière hier soir et que, naturellement elle était de couleur noire, aujourd’hui, en plein soleil sa couleur n’avait bougé d’un poil. Un noir d’encre de seiche ! Du jamais vu même dans mes rêves les plus délirants d’alcoolique.Riviere noire

Plus de touristes barbotant, pas un seul canoë!

Mes prières avaient été exaucées, ou quoi ??

Devant les yeux ébahis du public, je montais ma canne à mouche, grimpais sur MA PIERRE et me mis à sortir sans m’arrêter une foultitude de poissons de tailles légendaires qui, au moment de les remettre à l’eau, me souriaient et me murmuraient 

“ Bien joué mon Flèche! On va enfin pouvoir barboter sans risques de prendre des coups de rames sur la gueule! “POISSON BISES