Le Mouching, fly fishing,BKHendrickson'sPool_0À peine avais-je mis les pieds sous la table pour un dîner en amoureux avec mon adorable femme, que la sonnerie du téléphone dreli-drelingua :
« allô ! Flèche, mon poulet (j’ai une sainte horreur qu’on me donne des noms de volatiles !) c’est Steven Steven au  téléphone… (Faut-il avoir des parents tarés  pour baptiser son enfant d’un prénom identique à son nom de famille ! Mais, passons, ce ne sont pas mes oignons !) prépare tes affaires de pêche au plus vite et, direction la Beaverkill river où il est en train de se passer un petit miracle. Des éclosions de Henricksons que tu ne peux pas imaginer même dans tes rêves les plus lubriques. Les truites se jettent dessus comme dans les films pornos. Flèche, tu ne peux pas savoir… Du jamais vu ! Tu leur ferais passer une mouche imitation d’un aigle chauve, quelles se la farciraient illico presto. Je ne sais pas si c’est les OGM qui leur font ça, mais… ne perd pas une seconde, tu le regretterais toute ta vie ! »
Le mouching, Fly fishing,FlyCenterSignVous pensez bien qu’à l’aube du lendemain, j’étais sur l’autoroute en direction de ROSCOE, la Mecque de la pêche à la mouche dans les Catskill Mountains, à trois heures de route de New York.
Plus j’approchai du but, plus je pouvais voir que les petits nuages se transforment vite en énormes et menaçants trucs noirs et, lorsqu’enfin je stoppais ma bagnole sur les berges de la rivière, on aurait pu croire que celle-ci me dégringolait sur le paletot. Une trombe, un Niagara qui se serait marié avec le Zambèze. Et, difficilement, à travers le rideau serré de flotte qui me tombait dessus, je pus apercevoir que la couleur de la rivière devenait rapidement d’un « marron tendance diarrhée « , qui ne présageait rien de bon pour la pêche.
Je me souvins alors qu’à ROSCOE, il y avait un musée de la pêche où j’avais traîné mais waders des années auparavant et que j’y avais fait la connaissance de la jeune directrice, Rosa Alvina et que celle-ci, l’été suivant, nous avait fait une trop courte visite en Ardèche.Le Mouching, fly fishing, Rosa
La veille de son retour à New York, elle avait insisté pour aller pêcher avec moi, une de nos mignonnes rivières locales.

La journée était délicieuse et je voyais bien que la Rosa était excitée comme une pouliche et me jetait des coups d’œil brûlants ( elle était borgne ) au lieu de regarder sa mouche (une vraie horreur de mouche, entre parenthèses !)
Moi, vous me connaissez, faut pas m’inviter deux fois et je fis semblant de glisser du rocher où nous nous trouvions et me rattrapais de justesse à son maillot de bain.
Juste avant que l’élastique de celui-ci ne rende l’âme, Rosa faisait semblant de perdre également l’équilibre et se rattrapait aussi comme par miracle à mon maillot de bain. Et nous voilà prêts pour une séance de Kama-sutra style « Sud Ardèche ».
C’est à ce moment précis qu’une colonie de vacances débarqua sur la berge opposée et que les salopards de gamins nous  abreuvèrent de quolibets :
– Vas-y mon pote… Farci la toi !
Ou : « T’as pas mis ta capote, Ducon ! »
Que des trucs comme ça, plus raffinés les uns que les autres qui nous obligeaient à rebrousser  chemins en costume d’Adam et d’Eve vers mon automobile. Fini la partie de pêche et la partie de jambes en l’air ! Le lendemain matin, Rosa prit ses cliques et ses claques.
Et là, aujourd’hui, des années après, dans ce foutu musée de Roscoe, la Rosa Alvina me gratifiait d’un large sourire.
«Hello, Flèche …nice to see you ! Viens, je t’invite à prendre un petit lunch au Roscoe Dîner. Ça te dit ?
– Tu parles, avec un temps de merde pareil, on est bien mieux à l’intérieur.
Assis devant un sandwich au pastrami et une Brooklyn Lager (merveilleuse bière) nous devisâmes comme de vieux amis et je lui remis en mémoire l’épisode de notre partie de pêche foireuse en Ardèche.
C’est alors que je vis arriver ce monstre.Le mouching, fly fishing, Epoux Un type de plus de 2 m et devant friser les 160 kg. Une gueule patibulaire et des bras d’étrangleur. Un vrai cauchemar.
Rosa me le présenta :
« Flèche, voilà Roger, mon époux. Roger, je te présente Flèche, un ami français.
Roger me dévisagea avec dégoût et, comme s’il s’adressait à un sac-poubelle, me balança :
« Un Français ? Un de ces salopards qui s’étaient dégonflés et nous avaient laissé nous démerder tout seul en Irak ! »
Et puis, s’adressant au patron du restaurant :
« Henri, pour moi ce sera un plat de «  FREEDOM FRIES ».
Là, je compris qu’il était temps de m’éclipser et prétextais un rendez-vous urgent avec mon art dealer.
De retour à la maison, ma femme m’accueilli avec un double bourbon « 4 roses »
–  Alors chéri, c’était bien ta partie de pêche ?
–  C’est trop dangereux la pêche à la mouche. J’ai décidé d’arrêter et de mettre en vente tout mon matériel sur « Le Bon Coin » et je me mets au badminton.
On a qu’une vie.Le Mouching, fly fishing freedom fries,