Je conduisais vers les Pyrénées, vers Oloron Sainte Marie, la tête pleine de truites de mer qui sautaient au bout de ma soie, le coude à la portière, l’air chaud des nuits de Juillet s’engouffrait dans la voiture où la dernière mixtape du Mouching sortait à fond les ballons des hauts parleurs. Plus je me rapprochais, plus j’étais excité mais en arrivant à Pau, l’air humide et chaud se transforma en déluge éclairé par des éclairs qui zébraient la nuit noire. Le lendemain matin, le Gave n’était pas notre meilleur terrain de jeu. J’avais rejoins mon pote et guide Fabrice Boucher,  et Donald Van Der Putten, le photographe du Mouching, bref, deux super potes. Mais il fallait regarder la réalité en face, il faisait un temps de merde, la rivière était marron et nos rêves de truites de mer avaient dévalés avec la crue. C’est là que Fabrice, sourire aux lèvres, nous a sorti  »bon, on plie boutique et on va en Espagne » ! Et nous voilà, deux heures plus tard, écrasés par le soleil, dans un paysage magnifique cherchant le moindre coin d’ombre. Pas un seul nuage et cette chaleur torride du mois de Juillet, parfait pour ce qu’on était venu cherché: les carpes et les barbeaux ! Ha, je sais, il y a quelques grincheux qui grincent déjà : c’est pas des poissons de sport à pêcher à la mouche, ça ! Et bien, les mecs, vous vous trompez !aragonview

On a d’abord commencé par un lac, à l’embouchure d’une rivière, assez petite, qui apporte en fait toute sorte de nourritures et où les carpes, dans 30 cm d’eau se gavent attendant que le déjeuner leur arrive directos dans la bouche. Bien qu’il fasse chaud, très chaud, on avait nos waders, des chemises à manches longues et des buffs, car si les carpes étaient là, les moustiques aussi ! Presque à quatre pattes, à coucourou comme on dit dans l’Aveyron, on avançait sur la berge, il suffisait de spotter les carpes qui comme de bonefish montraient leurs nageoires, et leur envoyer une nymphe de libellule juste devant le nez, un peu comme la pêche au Permit, c’était pas les plus grosses, mais quel pied, tu vois le poisson bouger un peu, paf, tu ferres et te voilà, les bras tendus vers le ciel accroché a un tracteur ! Quelle rigolade ! Les plus grosses, celles qui dépassent les 2, 3 kilos, ne viennent pas là en cette saison, mais peu importe, on se marre comme des mômes et c’est ça qui importe le plus à la pêche, non ? Et puis à force, c’est l’heure du déjeuner. carp

Le déjeuner ça déconne pas en Espagne, d’abord c’est parfait pour les pêcheurs car c’est tard, très tard (comme le diner d’ailleurs) souvent c’est juste un bocadillo du pain à la tomate avec de l’ail et de l’huile d’olive, du jambon Ibérico et du fromage Manchego, une bonne bière fraiche et LA siesta ! De toutes façons la sieste est obligatoire, il fait trop chaud, on ne peut rien faire que dormir jusqu’à 4 ou 5 heures. Et puis, après, il faut y aller, c’est l’heure du barbeau !barbunderbarbel

Le Barbeau, le Barbeau Ibérique, une espèce qui n’a pas réussi a franchir les Pyrénées, un cousin éloigné des nôtres, qui a une spécificité bien à lui, il prend des sèches ! Alors on remonte cette petite rivière et ils sont là, des dizaines en surface, à faire des boucles dans les calmes, ou alors de gros solitaires qui sont parfois dans moins de 20 centimètres d’eau ! Mais ils montent sur des sèches comme des truites, et ça, c’est top moumoute ! Donc en bas de ce pool je les vois, je leur présente mon scarabée en mousse (j’en prendrai aussi sur des émergentes en cul de canard ! ) donc, je balance mon scarabée environ un mètre en amont, je le regarde descendre lentement grâce à son tag orange et quand il arrive devant le barbeau…rien. Je recommence, deuxième passage, PAF ! Je ferre ! Canne haute, le voilà qui dévale et moi qui lui courre après ! Ce petit jeu, nous y joueront toute l’après midi jusqu’au soir. Quand il fait trop chaud, on se désape et on plonge dans les bassines et autres pools, la belle vie, quoi. Le soir, on va diner comme des papes et fumer des cigares en racontant des histoires sous la nuit étoilée. On s’est amusé comme des enfants.

Si vous voulez y aller, il n’y a qu’un nom qu’on puisse vous donner:  Fabrice Boucher d’Aspe Angler.barbelfabricebarbsaragon