[English]Demandez à n’importe quel pêcheur-touriste qui sillonne la Nouvelle Zelande du Sud où il compte aller pêcher et il y a 9/10 chances pour que la rivière Mataura soit citée. Avec quelques 230 kms la Mataura offre un panel de parcours allant de la rivière de plaine peu profondes à un large fleuve aux pools abyssaux.

Mais c’est surtout une somptueuse rivière qui comme une voluptueuse et sensuelle maîtresse vous hante à jamais si vous avez eu la chance de vous mêler à ses charmes : courbes lascives, gros poissons, eaux cristallines, très difficile et avec beaucoup de caractère !

Pour me rendre dans la vallée de la Haute Mataura, j’emprunte la Nevis Road, une route de terre que tous les kiwis m’ont décrites comme superbe, or si un kiwi considère un endroit jolie, pour vous il sera juste incroyable ! Cette route longe la rivière Nevis sur quelques 60kms et traverse des plateaux entourés de moyennes montagnes aux courbes inspirantes.

Quand ce ne sont pas des canyons où au hasard d’un tournant déguerpissent des moutons affolés, il s’étale tout au long de la piste des prairies d’herbes hautes couleur lie-de-vin. Malgré un temps changeant venteux avec du crachin, impossible de ne pas s’enthousiasmer par tant de beauté . J’intensifie cette euphorie avec l’écoute volume maximale de Wolfmother dont le rock mélodieux mais couillu (check mind’s eye !) fonctionne à merveille dans ces atmosphères sauvages et minérales.

La ballade se finit dans un festival de guets et je prie pour que le moteur ne se noie pas. Après 3h de conduite sportive j’arrive enfin au bout du plateau pour apercevoir en contrebas une verte vallée grisée par les averses disparates, au fond des percées de lumière sur les contreforts apportent une touche biblique à ce panorama pastorale. Encore une demie heure de descente sur une route en colimaçon et je retrouve l’asphalte épuisé mais grisé par cette aventure. Vite une bière !
Au pub de Garston où j’arrive avec des étoiles dans les yeux et les polarisantes au cou, il y a un sympathique éventail de buveurs comme ces fermiers aux cheveux blancs et teint rouge dont les mains calleuses agrippent des pintes dégoulinantes ou ces joviales quadragénaires blondes aux seins lourds qui picorent des chips en ragotant sur leurs voisins.

Appuyé contre le billard, accompagné d’un bonhomme gentiment vouté aux lèvres lipues et au regard doux, il y a un gars d’une trentaine qui porte un tshirt Sage, sa casquette ornée de sauterelles et gros sedges finit de le griller comme pêcheur.

Je le branche dans la seconde. Au son de mon après-midi il hèle l’assemblée. Et les gars ce mec vient de faire la Nevis ! Yiiiah. Dans un vrai western, il y aurait eu une brune aux yeux bleus qui serait venu secouer ses boucles dans un grand sourire. Mais les vraies belles brunes sont des farios ici et je paie une bière à Dax sans savoir que c’est un guide professionnel dont le 4×4 est embelli de 3 belles cannes à mouche sur le capot. A la 3eme bière Dax en est à me cercler une demie douzaine de rivières en rouspétant C’est déjà bien assez d’informations comme ça… God bless man !

Le lendemain matin je sors de ma tente pour enfiler mes waders alors que le jour se lève à peine. La rivière n’est qu’à quelques mètres, peu profonde large d’une quinzaine de mètres. J’ai à peine fait 3 pas que je repère aisément posté dans 15cm d’eau une longue truite au nageoire arrondie tout près du bord. Je lui envoie mon petit sedge en poil de cervidé qui dans un coup de queue se fait engamer instantanément.

Et pour ne pas manquer ce qui semble devenir une tradition je rate mon ferrage ! Dans les 4h qui vont suivre je vais voir une douzaine de poissons dont quelques uns dépassant allègrement les 6 livres… Ici encore plus qu’ailleurs, surtout depuis que le niveau de l’eau est bas, les poissons sont excessivement craintifs et l’approche doit se faire délicatement. Pas évident quand on sait que parfois il faut parcourir 500m avant de voir une truite. Les impatients dans mon genre n’ont qu’a bien se tenir.

Par deux fois je casserai au ferrage sur un bas de ligne de 10/100ème sur des lancers très longs avec de fantastiques poissons qui marsouinent derrière des saules. Malgré la frustration quel plaisir d’observer la danse du ventre de ces flancs colorés louvoyant dans le courant, un spectacle mainte fois rêvé et proprement excitant. Mais Dieu que ces poissons sont durs à prendre ! Jamais je n’en aurai fait fuir autant, raté autant, lancé quatorze mouches différentes…

Mec, tu as pêché sur un des parcours les plus durs de la Mataura, me lache Stu avec son regard de possédé, je connais des compétiteurs de niveau mondial qui sont revenus bredouille ! Toujours habillé de ses chemises de carnaval multicolores, Stu est le charismatique fondateur d’une des boutiques de pêche les plus cultes de NZ: Stu’s Orgasmic Fly Shop, situé dans le petit village d’Athol au bord de la route.

Quelques 40m2 blindés à craquer de tout ce dont le moucheur a besoin plus quelques friandises comme A Foam Odyssey, le film du patron dont il fait volontiers la promo. Stu parle beaucoup de lui avec ce regard d’halluciné qui pourrait en effrayer plus d’un à commencer par les locaux qu’il semble agacer. Mais aucun de ses détracteurs n’aura le même enthousiaste pour communiquer sa passion ni le style rockn’roll flamboyant qui font de Stu un personnage incontournable et attachant, monteur de mouche aux patterns inédits, guide de pêche et amoureux de son métier dont la devise est Living the Dream, Vis ton rêve. Allez voir ses mouches sur son site web, elles sont magnifiques !

Le lendemain matin il est presque déja midi quand je gare mon 4×4 au bout d’un champ sur un parcours plus en aval que la veille. De réputation, cette partie de la Mataura est un must où chacun veut pêcher, les locaux considèrent ses parcours comme hammered, martelés par tous les touristes dans mon genre ! Déjà le long de la bute qui surplombe la berge, les semelles ont tracé entre les ronces un chemin visible. Il fait chaud et coup de chance il n’y a quasiment pas de vent. L’eau est cristalline, la rivière file sur un lit de fin cailloux clairs, aussi sur ces longues étendues peu profondes il est facile de repérer les truites qui du coup vous voit arriver de très loin.

Lorsque je m’approche à pas de loup de la rivière je reçois instantanément un choc. Alors que sur la plupart des cours d’eau il faut marcher interminablement pour voir une truite voici que sous mes pieds à quelques 6/8 mètres une fario se nourrit paresseusement entre deux eau, comme d’habitude une bestiole de 3 livres minimum, proprement magnifique. Miracle ! à 3m au dessus il y a sa soeur, presqu’un peu plus grosse…

Pendant 3h je vais pêcher au paradis. Peu de poissons seront attaquables car trop loin, sinon trop difficiles et pourtant il y en a tellement. Quel bonheur ! Bien sur ils connaissent la chanson, ont vu défiler du fil mais quand même quel privilège de goûter une journée parfaite même si pour l’instant je suis encore… capot.

Finalement je décide de m’attaquer aux spécimens véritablement en activité avec la queue qui remue et la gueule qui sort de l’eau. Je lance mon caddis fetish sur l’une d’elle qui le trouve appétissant. Je ferre et en deux secondes le poisson se décroche… Je récupère la mouche et découvre que l’hameçon est ouvert ! Moralité n’achetez pas vos mouches dans les grands magasins outdoor en NZ car elles sont fabriquées en Thaïlande (qui sont plus doué pour la gastronomie ou les massages !). 300m plus loin sur un superbe plat qui ferait une double page de magasine je distingue les irisations d’une truite gobant avidement.

Je rentre dans l’eau et me cale vraiment derrière elle pour ne pas rentrer dans son champ. J’attends quelques instants mais heureusement le poisson recommence à se nourrir. Je lance un sedge bien français un peu momoche mais qui a déjà fait ses preuves. Il est au gout du poisson qui s’en empare immédiatement. Je ferre, cette fois le poisson est piqué mais je n’ai à peine le temps de souffler que la truite s’emballe et s’enfuit provoquant un rush interminable. Je regarde la banane aux lèvres la soie se dévider, le poisson file en amont avec la nageoire dorsale crevant la surface: c’est à croire que j’ai retrouvé mes amis les bonefishs ! Justement quelle n’est pas mon hallucination de voir le backing passer dans les anneaux.

Je comprends mieux maintenant pourquoi les pêcheurs reviennent systématiquement sur la Mataura, certes c’est beau mais en plus les poissons sont des fusées !

Finalement après un combat épique je dépose la truite dans l’épuisette, elle ne pèse pas plus de 4 livres mais c’est un poisson tout de muscles et de couleurs, très corpulent et dense. A peine remis à l’eau, le vent commence à souffler, inutile d’insister plus, je retourne à ma voiture pour continuer l’aventure sans savoir que le meilleur restait à venir…

Ask any foreign fly fishermen when he plans to fish in NZ and probably the name Mataura will appears in pole position. With its 230kms long the Mataura offers a wide range of places that probably takes a lifetime to explore. It’s true that the river has the effect of a latin queen beauty: generous, voluptuous, sensual and terribly difficult to master.

To join its upper valley I took the Nevis road because some kiwis told me it was beautiful. Basically when a kiwi says it’s beautiful you can be sure it’s going to be mindblowing! The Nevis road is a 45 miles road that follows the Nevis river from Crownell to Garston, cutting straight through the mountain. the scenery is made of rounded mountains, narrow canyons, wide plains with purple plants and tons of fords everywhere. It is definitely one of the most spectacular drive I did, the raw and limpid music of Wolfmother (check Mind’s Eye !) enhanced this powerful feeling of true adventure.

Two hours later I will arrive on top of the plateau, a light rain spread a grey curtain on the vasy valley that stands in front of me. The sun pierced the clouds and enlighten in a very biblical cliché the green foothills of the Mataura valley. It will take me almost half an hour to drive down the last miles on the small spiral dirt road.

5 minutes after I get in Garston pub where a mix crowd is enjoying a late afternoon drink : the red face-white hair farmers who drinks in silence, the jolly smily luscious ladies in their late forties who keep themselves busy gossiping all around while picking some potato chips and also, close to the pool table a young man wears a Sage Tshirt and his cap is loaded with flies.

In one second I told him I have the same addiction and start to describe my afternoon. He interrupts me quickly to yell to the audience: Hey Ben just did the Nevis ! In a true western movie a lovely brunette would have come next to me with a lascivious smile. But the lovely brunettes are lovely brownies in Gartson that swims just few meters from the pub so fishing talks rules. Offer me a beer ask my new mate Dax, Yes of course but let me get my map I reply cause I just feel like Dax is the man who knows, and it was long before knowing he is a professional guide and seeing his massive 4×4 with three rods on the hood rack. Three beers later Dax is binding river names on my map, for each marker I can hear his moaning : Ok this time that’s enough information ! God bless you bro’

 

Next morning I am out of my tent at dusk, the river is few meters from me, calm and pristine in the grey morning fog. From where I stand I can see in few inches of water, two foot from the shore, a long brown trout with large fins.  With my faithful caddis, I cast in front of the fish which took the fly in a second. Not to change an habit that is about to be a tradition I miss the strike…

For the next four hours to go, I will spot probably twelve fishs some of them exceeding 6 pounds. The major difficulty comes with the low level of water: you will see fish more easily and so do they ! Something that impatient guys like me have to keep in mind when you know that you have to walk sometimes half a mile to see a trout !

Twice I will broke my 6X tippet on a strike, 60 feet from me, on rising brownies half hidden behind willow trees. Apart from the torturing frustration of not taking those beautiful fishs in my hands, I finally decide to sit down and simply enjoy the astonishing sight of those feeding trouts in such a wonderful landscape. But God those trouts are difficult…


Yes my man you have fished in one the most challenging area of the Mataura, will tell me Stu when I am describing my morning. I know guys who are world championship competitors and that couldn’t take fish here ! Dressed with fancy shirts, looking at you with round eyes and punctuating his words with a large smile, Stu is definitely a character in the upper Mataura valley. He owns Stu’s FFshop a must see for every fishermen who come in the area.

A small house on highway’s border stuffed with fishing tackle plus few delicacies like A Foam Odissey, Stu’s own DVD for which he does a non-stop promotion.  Huge enthusiasm when it comes to share his passion for fishing ! His personal sentence is also ours when we come to the Mataura : Living the dream ! Without going to NZ you can still have a look on the web at his flies they are awesome !

The next day it’s already midday when I go to another section more downstream. It’s hot and not very windy which sounds like dry fly to me. There is a small hill that overhang the river, here I can walk in a dirt path in between the bramble built by the hundreds of wading boots who have walked there before me. It’s not difficult to understand the popularity of this area when I came close to the water.

The river is a fantasma for a double page FlyFishing magazine ! It’s wide enough to cast on the other bank, clear and pure, it runs on a small stone sometime sand perfectly clear bed. Just there beside me there is a big trout and 6 foot upstream another one. Pure delight !

During three hours I will fish in paradise. Few fish are easy to cast, most of them would see me before I could even move my arm, but there are lots of them, maybe 50, 60 fish and not a small one. What a tremendous privilege to taste such a perfect day on a legendary spot even if for now on I still haven’t caught any fish!

My strategy is to cast on real feeding fish who rise in the surface with a moving tail. I cast on one of them, the strike is good but the line comes back to me in a second empty of any brownie. Guess what ? the hook of the fly opened ! The lesson: never buy your flies at the big kiwi outdoor shops because they are tied in Thailand a country more well known for its gastronomy and massages !

300meters upstream I can see some constant rises and yes it is a lovely fish, with extreme care I wade and go behind to cast my caddis that lands perfectly in front of it. The brown trout smash the tiny dark point with a noisy eager and believe it or not my strike is good but I don’t have time to breathe or enjoy this small victory that already the fish is rushing upstream with a strenght that reminds me of the caribean bonefish.

Smiling stupidily to my rod and reel I guess that the backing is about to be efficient. But that brown trout is not even a monster ! It’s easy to figure out why so much fishermen comes back in the Mataura valley like some kind of holy pilgrimage. Finally the trout is in the net after a 50metres and so rushes, it’s probably a 3 or 4 pounds fish, colourful, dense and strong. While releasing this beauty the wind just starts to blow which is the moving signal to dig other crazy spots. Of course I didn’t knew then that the best was to come…

Some pics are from Dax Messet’s website