C’était le week-end du 15 août et ma soeur, accompagnée de son époux, le « gros Bob » comme on l’appelait pour le taquiner, était venue passer les fêtes de la vierge avec nous au camping des  » Deux vautours. », en basse Ardèche.

On avait installé la caravane en surplomb de la rivière (peut-être un peu trop près d’une famille turque avec ses huit enfants, mais on peut pas trop demander pendant les congés) .

Après le déjeuner, (ma femme avait fait griller des merguez et des chipolatas exquises !) ma soeur s’était allongée pour bronzer, au bord de l’eau, les nichons à l’air et couverte uniquement de son nouveau string pailleté.

Sur la rive opposée, une dizaine de petits romanichels, à peine dissimulés derrière des buissons, se branlaient en reluquant ma soeur. Mais elle, ça l’ excite plutôt ce genre de scénario et le gros Bob, lui, il en a rien à foutre. Tout ce qui l’intéresse dans la vie, c’est les poissons . Un vrai dingue de poissons, morts, vivants, en boîte, en bocaux, dès qu’il y avait l’ombre d’ une écaille dans son espace vital le gros Bob se mettait à transpirer comme un boeuf. La poitrine provocante de sa femme, quand il y avait une rivière à deux pas, Bob l’ignorait et n’avait d’yeux que pour l’eau, au-dessus et en-dessous.

J’avais beau lui avoir dit qu’à part des carpes qui se baladaient en ruminant les saloperies de ce dépotoir, des poissons, il y en avait guère, le Bob avait hurlé : « Des carpes… Il y a des carpes ! Passe moi vite ta canne à pêche, BORDEL ! ».

Moi, écrasé par la chaleur de l’après-midi, je m’étais installé dans le transat, ne pensant qu’à une chose : la sieste. Mais, la vue de Bob arpentant la rivière comme un Sioux avec la canne à mouche à la main, avait quelque chose d’étrange et de merveilleux. Une image qui me remettait en mémoire le fameux tableau du déjeuner sur l’herbe de Manet. Mon tableau favori. Sauf, que ma soeur à poil était nettement moins sexy que la jolie dame du tableau.

Et puis, tout d’un coup, le Bob s’immobilise et chuchote : «Là…Là… Une Putain de carpe ! » Ni une ni deux, le voilà qui balance sa  » mouche spéciale  » et, cinq secondes après, tout le camping est réveillé tellement mon beau-frère hurle : « je l’ai, la salope ! Je vais me la farcir, la saleté ! »

Et moi je n’ai qu’un oeil, c’est pour la pauvre canne qui n’en peut plus de cette satanée bête qui lui rompt les reins.

Quand Bob finalement conduisit la carpe dans l’épuisette, je m’approchai de lui et lui demandait : « Qu’est-ce que t’as mis comme mouche?  »

Et là, je dois dire que le « gros » remonta d’un cran dans mon estime quand il me révéla sans faire le beau : « Tu vois, les carpes ça aime bien bouffer du pain . Et je me suis dis qu’un morceau d’éponge devrait faire une imitation acceptable.!  »

Alors, pour fêter son triomphe, on a payé le coup aux Turcs d’à côté, au bar du camping.

C’est Mohamed qui a gagné la partie de baby-foot.

À regarder SANS le son  (la musique est crotte) !!!! [vimeo https://vimeo.com/37024082]