Ce jour là, en passant devant le magasin « ORVIS » , près de la 5 ème avenue, j’étais loin de me douter que le cours de ma vie aller changer du tout au tout. Je devrais  préciser que cette histoire se passa en 1991 en plein cœur de Manhattan et que toutes ces tentures noires  qui drapaient la porte de cette boutique sonnaient le deuil du grand Lee Wulff. «  Il vient de se casser la gueule avec son Pipper Club «  me dit un des visiteurs. « Il avait 86 ans , pilotait son zinc comme un as et pouvait encore monter une mouche sur un hameçon numéro 24 sans l’aide d’un étau. Rien qu’avec ses doigts ! » Il y a foule chez « ORVIS », tous venus rendre hommage à ce grand pêcheur et les histoires vont bon train. « Il a fait ça…il a dit ça…et tous les modèles de mouche qu’il a inventé…la Royal Wulff..Mmmmm ! » ; Encore tiède,Lee Wulff était déjà en train de devenir une légende. « Il prenait n’importe quoi comme déchet et était capable d’inventer avec ce fourbis, une mouche qui prenait du poisson. Ce type là était un véritable aimant à poisson, a real magnet ! [youtube=http://www.youtube.com/watch?v=-Q6-6A3vCpo&w=580&h=460] C’est un peu plus tard, de retour chez moi que cette phrase commença à me hanter. « UN AIMANT A TRUITES « …Lee Wulff était un aimant véritable. Pendant les 2 mois qui suivirent, cette petite phrase mûrit jusqu’au fameux soir ou je pris ma vieille Oldsmobile,une pelle et une pioche et me mis en route pour le cimetierre de Lew Beach, dans les Catskill mountains, à 3 heures de route de NYC. Passer Livingston Manor, le Beaverkill rivière favorite de Lee et me voilà enfin à pied d’œuvre. La tombe de Lee Wulff est bien là, la lune haute et, après une bonne heure d’effort, le cerceuil du prophète est enfin visible. J’ouvre mon grand sac et y place avec soin  ce qui reste de la  dépouille. La raison de ce sacrilège me demanderez vous ? Une idée, une simple idée comme ça…Si Lee Wulff était un aimant à poisson comme on me l’affirmait, ce qui restait de lui devait posséder à coups sûrs un peu de ses pouvoirs, non ? Et de là l’idée de créer une petite entreprise de mouches pour la pêche confectionnées principalement avec les restes mortels de la « légende ». La peau, par exemple  , une fois bien tannée pourrait faire des corps d’éphémeres somptueux. Les cheveux et les poils, des dubbings remarquables. Les os bien taillés imiteraient parfaitement des corps de streamers. Bref, j’étais convaincu du succès de mon affaire. Avec raison, car, le bouche à oreille aidant,en un rien de temps, mon carnet de commandes fut rempli. Les pêcheurs sont prêts à tout pour rêver et les dollars s’entassèrent rapidement dans ma huche à pain , jusqu’au jour funeste ou quelque jaloux mal baisé me dénonça aux autorités. Le scandale fût énorme « THE DRACULA OF FLY FISHING  FINALLY BEHIND BARS ! » titra le New York Post. Je fus conduis illico, menottes aux poignets, devant le Juge.  »Votre Honneur, dis-je en guise de défense, « le contact avec les morts fait de moi un homme meilleurs, plus gracieux ! » Trois ans ferme à la prison de Wawarsing non loin de la tombe éventrée de Lee Wulff. Au jours ou j’écris ces mots, il ne me reste que 2 mois avant ma libération. Pensez bien que mon histoire me rendit célèbre très rapidement et que des nuées de pêcheurs du monde entier se sont mis en rapport avec moi et que JE SAIS ou se trouve la tombe de Mel KRIEGER et qu’on m’a rapporté que ( censuré )tousse beaucoup ces jours ci.