Dès que j’en ai entendu parler, j’ai été impatient de les découvrir. Il y avait de quoi s’enthousiasmer: deux nouvelles cannes de chez Sage, dénommées Pike et Musky, respectivement pour soie de 10 et 11… connaissant le sérieux de la marque, il ne pouvait qu’en sortir quelque chose qui soit intéressant. Et bien après deux mois d’essais, je ne suis pas déçu. Mais alors, pas du tout. Sage a, à mon sens, produit deux modèles de cannes qui se positionnent comme les références dans le monde de la pêche du broc à la mouche.

Description technique et esthétique

La Pike et la Musky sont les grandes soeurs de la série Bass 2, dont nous avons largement présenté la gamme sur le Mouching (ici et ici). Elles sont faîtes à partir de la même qualité de blank, et affichent un pied de plus en longueur. Cela permet un bras de levier plus grand pour arracher et lancer les gros modèles de streamers utilisés pour le broc et le musky. L’esthétique est la même que celle de la Bass 2: vernis golden-olive, ligatures rouge-bordeaux, porte-moulinet rouge en aluminium anodisé. Le tube est également le même (compartimenté et matelassé, avec une poche moulinet). Le talon de combat est plus long que la normale. Il permet de bien tenir la canne à deux mains (quasiment comme une switch). Le but est notamment de permettre de réaliser un figure 8 (faire un huit avec la canne, avec moins d’un mètre de ligne dehors, pour balader le streamer sous le nez d’un poisson qui aura suivi jusqu’au bateau; notre pote Thomas Guyard le fait avec pas mal de réussite! et d’ailleurs, lui aussi est impatient d’essayer ces cannes).

Plus qu’une simple gamme déclinant l’excellent blank de la Bass 2 en 9′, la Pike et la Musky sont le fruit des besoins des pêcheurs. Et pour parfaire le tout, elles sont livrées avec une soie Rio Pike/Musky (dont nous avons parlé la semaine dernière) adaptée à la canne.

Action de la canne

On retrouve bien l’action de la Bass 2: une action de pointe au départ (avec peu de soie dehors), qui est en fait une vraie belle medium à medium-fast quand on tire dessus. A pleine charge, la canne décrit un bel arc de cercle, sans point de blocage. Ce qui annonce un confort tout particulier au lancer.

Et on va voir maintenant que ces cannes n’ont pas non plus oublié d’être puissantes.

En pêche

J’ai mis à l’épreuve la Pike et la Musky notamment lors d’une session de 3 jours de pêche consécutifs, et très intensifs, à la recherche de beaux poissons en pleine eau avec, bien évidemment, de gros streamers, notamment un gros tandem d’une trentaine de cm. J’ai utilisé la Pike principalement avec une S3 Airflo Forty Plus Sniper #10 et une Airflo Depth Finder 400gr, et la Musky avec cette même Depth Finder à laquelle j’avais rajouté 1m50 de leadcore. Ca a été un régal. Les deux cannes sont ultra-confortables, et balancent les grosses mouches à grande distance. Par rapport à la série Bass 2, j’ai vraiment apprécié d’avoir un pied de longueur supplémentaire pour lancer loin plus facilement. Quand il fallait pousser fort dans le vent, je prenais la Musky, et quand j’avais besoin de calmer un peu le jeu, je prenais la Pike… Oui oui, une canne en #10 pour se reposer… On ne pourrait pas dire ça de toutes les cannes en #10, même des cannes haut de gamme! Si la Musky est vraiment un engin à envoyer du lourd, la Pike est un délice de douceur. Et je n’ai malheureusement pas pu essayer longuement en pêche la Musky avec des soies vraiment appropriées à sa puissance (les miennes étant probablement un peu trop légères, et la soie Rio Pike/Musky #11 livrée avec ne convenait pas aux conditions de pêche), mais il n’y a aucune raison pour qu’elle ne soit pas aussi agréable que la Pike si elle est bien chargée. Le peu que j’ai pu lancer en chargeant la Musky avec la soie Rio Pike/MUsky #11 m’a clairement confirmé cette tendance.

J’ai aussi utilisé la Pike avec une intermédiaire (la Rio Pike/Musky #10) pour pêcher les bordures. Et malgré une très vilaine entorse au pouce contractée la veille de la sortie, j’ai pu pêcher toute la journée. Et quand je changeais de canne, c’est vraiment avec le sourire que je revenais à celle-ci. J’ai d’ailleurs pu expérimenter une chose très intéressante sur l’utilisation du talon rallongé: quand on utilise de grosses, mouches, il est bon de réaliser un arraché/faux-lancer arrière sec et puissant pour éjecter l’eau du streamer, pour ainsi l’alléger et faciliter le lancer. Du fait de mon pouce inutilisable, je me suis mis à réaliser mes arrachés à deux mains, geste que je me suis naturellement mis à faire du fait du talon rallongé. Si l’exécution de ce geste à deux mains est loin d’être indispensable, sur une journée complète, le gain en fatigue a été très appréciable.

Côté tenue du poisson, rien à redire. Et cette jolie femelle de 93cm n’a rien eu à dire non plus: absorbant les coups de tête et imposant son talon puissant, la Pike et la Musky sont de formidables combattantes.

Conclusion

Avec la Pike et la Musky, Sage a frappé un grand coup dans le monde de la pêche des carnassiers d’eau douce à la mouche. Il est bon de voir que les fabricants prennent de plus en plus ces pêches au sérieux, et proposent un vrai matériel adapté. A mon sens, il n’est pas facile de trouver aussi bien sur le marché, et presque impossible de trouver mieux. Mes potes qui ont pu les essayer ne diront très probablement pas le contraire. Bravo à Sage, et merci à Ardent de nous avoir permis d’essayer ces supers cannes!

Et bien sûr, merci à mon guide favoris de m’emmener sur ses spots à la recherche des gros brochets :).