Le repas avait été divin. Peut-être avions-nous un peu abusé de cet extraordinaire whisky japonais le fameux YAMAZAKI, toujours est il que d’ une voix pâteuse, Cyril néanmoins pris la parole :

– Mon cher Flèche, je te sais d’une érudition et d’une culture faramineuse. Mais as-tu déjà entendu parler de ces serpents qui, régulièrement, s’échappent des cages de leurs propriétaires et que l’on retrouve dans des lieux les plus bizarres ?

– Oui, ces histoires ne sont  secrets pour personne. Il y a quelques années, une brave femme qui s’était rendue précipitamment dans les water-closets de son appartement, failli mourir d’une crise cardiaque lorsqu’elle s’aperçut avec effroi qu’un énorme python ( Pythonidae) s’était promené dans les canalisations d’eau de son immeuble après s’être évadé et s’amusait (quel espiègle animal !) à lui mordiller l’anus.

– Certes, je connais cette fameuse histoire, répliqua Cyril en nous re- servant le 12e verre de ce délicieux YAMAZAKI. (Ai-je déjà dit que ce breuvage était d’une qualité exceptionnelle ? Si je ne l’ai pas fait, je me permet de vous dire : « Ce nectar est d’une qualité exceptionnelle ! ») mais laisse-moi te raconter une histoire analogue à côté de quoi celle de ce python est d’une pâleur cadavérique:

« Lors d’un de mes nombreux voyages de pêche, je me trouvais ce jour-là dans un modeste hôtel de l’État de l’Idaho, proche de ces merveilleuses rivières de Yellowstone.

Après un repas d’une médiocrité affligeante et pris d’un furieux mal de ventre,  je me précipitai sur la cuvette des latrines afin d’assouvir un besoin légitime. Eh bien, tu ne me croiras peut-être pas, mais dans la- dite cuvette , nageait une magnifique truite de l’espèce dite «  cutthroat « .

– Et alors, qu’en as-tu fait, mon ami ?

Tout en se resservant un 13e verre de whisky, Cyril reprit :

– je ne pouvais pas me retenir plus longtemps aussi, je me mise à déféquer. Je dois dire que la truite n’avait pas l’air d’en être incommodée pour deux sous et ceci malgré l’odeur scabreuse.

– Et ensuite ?

– Ensuite, je tirai la chasse d’eau car, tu me connais, je suis et resterai toute ma vie un fervent défenseurs du NO-KILL.

– Bravo, j’aurais agi de la même façon. Quelle belle leçon d’humanisme !

Peu de temps après, nous nous écroulâmes doucement sous la table.