La semaine dernière, voulant faire un test idiot, j’ai demandé à Josette, notre sécrétaire en chef, ce qu’elle pensait de Corot.

Elle a pris une pause à la Lauren Bacall et m’a susurré : « Tu veux certainement parler de corail, mon petit trésor ? ».

Dégouté, je me suis rhabillé en vitesse. Le petit personnel c’est comme ça. (Pauvre France !)

Bon, faut dire que le Camille Corot en question, lorsque j’étais plus jeune, j’avais un mal de chien à regarder ses peintures. Àh! pour sûr, elles étaient ce qu’on appelle vulgairement de la peinture« bien faite » « bien léchée ». Des paysages ou ne manquait pas une feuille sur les arbres. C’est la raison pour laquelle, ça me faisait hurler d’ennui. De la peinture pour les siestes petites bourgeoises, je pensais. Et moi, il me fallait à l’époque du brutal, de la dynamite en tube, de l’héroïne à l’huile de lin, de l’anarchie dans les pinceaux. Surtout pas de la peinture de salons…

Jusqu’à hier soir où, feuilletant un vieux livre d’art dans la poussière de mon atelier, je tombais sur ce tableau. Et là, j’en restais baba.

La technique de Corot était éblouissante, c’est sur. Mais l’économie des moyens utilisée était presque « zen ». Un peu de bleu, de blanc et de vert foncé. Et c’était tout. Et tout le truc se met à vivre comme par magie. L’eau de la rivière se met à couler…on croit rêver tellement l’illusion est parfaite, tellement cette simple histoire sort du coeur.

À toute vitesse j’ai envoyé par mail une copie de ce chef-d’oeuvre à mes amis du Mouching.

Cyril m’a répondu en premier :

« il y a des bonefish là-dedans ? »

La réponse de Jérôme a suivi de peu :

« On voit pas de gobages. C’est en Ardèche ? »

Et Laurent quelques minutes plus tard :

« Faudrait une canne en plexiglas, soie de cinq ! »

Alors, je me suis enfermé dans ma chambre à double tour et j’ai torché une pleine bouteille de Chivas régal avant le lever du jour.