La Maison de la mouche est une institution parisienne. Depuis 80 ans maintenant, elle raconte la légende de la pêche, entourée d’un peu de ce qui reste du Paris médiéval, en face d’un petit parc, et surtout à quelques mètres de la pointe amont de cette île qui partage le courant de la Seine. Chaque fois que je passe là, je me souviens des matins étudiants, où l’on remontait encore ivres du Marais vers la Sorbonne, et où toujours je faisais halte devant les Tibor de rêve qui brillaient dans la vitrine. Les autres allumaient une clope, goguenards, et je les rejoignais en sachant qu’ils ne comprendraient jamais. Les années passent, et au fond moi non plus, je ne comprends pas vraiment.

Mais le week-end dernier, il n’était pas question de nostalgie. On était là pour fêter la Maison, et plus encore la mouche. Il y avait les gars de Simms (en particulier Stephan Schmid, FlyFishEurope) qui racontaient leur matos avec un enthousiasme communicatif, il y avait Marco Crippa (de Swiss CDC) derrière son étau qui montrait quelques bons trucs à base de cdc et des outils de Petitjean, et puis surtout un va et vient incessant vers la Seine, parce qu’il y avait Thibaud Giband qui faisait de la démo et du cours et de la clinique, et à peu près tout ce qu’on peut faire quand on est un des rares instructeurs certifiés EFFA et FFF (et aussi SIM et FFPML…), qu’on est un casting geek stade terminal, et qu’on a décidé de partager avec tous ceux qui veulent bien. Il y avait aussi Sascha Bachman (Simms/Scott…) qui a bien passé une heure de sa vie à essayer de faire quelque chose pour mon roll cast uptsream dans le vent, avant de conclure poliment que c’était sans doute une question de chance.

Le soir venant, les plaisirs de la soie ont cédé le pas aux plaisirs de la chère. Un jeune homme du 38 Saint Louis, l’épicerie du coin, était venu à la demande du patron pour nous offrir un de ces gueuletons mémorables sans lesquels on ne devrait jamais finir pareille journée. Au milieu des fromages raffinés et des vins somptueux, Marco dirigeait les convives à l’étau, afin que chacun laisse son tour de dubbing sur la Mouche du 80ème, plus tard dûment encadrée et signée par les auteurs. Bien entendu, après une telle débauche, il fallait bien que la monomanie reprenne ses droits, et Thibaut nous a montré sur le trottoir nocturne qu’on pouvait se passer de canne et dérouler de la soie en se servant juste des ses mains.

Le lendemain, sous la pluie et dans le vent, c’était reparti, pour du lancer à deux mains cette fois. Et puis une petite séance fibre de verre, histoire de prendre une leçon sur l’application progressive de la puissance… Bref, comme on vous l’avait dit, comme on s’y attendait, ce fut un week-end de rêve… La prochaine fois passez nous voir !