le long silence McGuaneLes amoureux de nature writing et de la pêche connaissent sûrement ce recueil autobiographique de Thomas McGuane. L’auteur américain nous livre trente-trois récits qui vous emmène dans des parties de pêches à travers le monde.  De la pêche au tarpon en Floride, à celle du saumon en Islande, en passant par celle du bonefish au Mexique, ou en Argentine et jusqu’en Russie pour finir à la pêche à la truite au Montana, McGuane livre ici sa vision du monde.

Car, comme John Gierach, les parties de pêche sont aussi une expérience philosophique. Le pêcheur se doit d’être attentif à ce qui l’entoure, ainsi il s’ouvre au monde, à la nature et observe avec attention le monde vivant, que ce soit le monde animal ou biologique. L’homme retrouve sa place d’être humain sur cette Terre car la pêche permet d’éveiller de plus grandes réverbérations en nous-mêmes.

Cette réflexion peut s’appliquer à la chasse, à l’observation des oiseaux ou toute autre activité qui requiert cette attention, ce silence. C’est en se taisant que le monde extérieur s’ouvre à lui.

« Se tenir sur un rocher au milieu des déferlantes qui se forment au large, accélèrent et roulent vers vous est, au bout d’un moment, semblable à ce qu’ on éprouve en observant un feu. C’est hypnotique ».

Thomas McGuane a donné ses lettres de philosophie à une activité longtemps décriée.

A travers ses souvenirs d’enfance, l’auteur nous rappelle l’importance de notre attachement à la nature. Thomas McGuane est un écrivain et son talent s’en ressent lorsqu’il évoque ses réflexions philosophiques ou lorsqu’il s’amuse à faire le portrait de personnages rencontrés au cours de ses longues pérégrinations.

Je dois cependant avouer que j’ai trouvé le nombre de récits trop important (33) avec comme écueil un sentiment de déjà vu au cours de ma lecture. Je conseille de garder ce livre à sa table de chevet, et de le lire par petites touches.

« Je suis bouleversé par la perfection des choses : le profil splendide de chacune des truites, la beauté angélique miniature des éphémères, et les eaux soyeuses et sauvages de le Big Hole River. Car c’est pour de telles choses que nous sommes déposés sur ce tas de boue en rotation. »

L’autre point faible du roman, c’est que si vous n’êtes pas pêcheur, le vocabulaire technique et les détails sur l’exercice de la pêche rendent certains passages très compliqués et j’avoue avoir délibérément accélérer ma lecture à certains moments ! Les termes utilisés sont souvent anglais ou désignent des poissons qui me sont totalement inconnus.

Mais les amoureux de la pêche y trouveront, à l’inverse, une mine de renseignements techniques.

Reste que ce recueil est une véritable déclaration d’amour à la nature et au silence, qui se traduit inéluctablement par une certaine solitude du pêcheur, mais comme McGuane le précise si bien, la solitude n’est pas la même chose que l’isolement. Ce sont des moments que s’accordent le pêcheur , où loin du monde, il le redécouvre.