Son visage est familier pour les lecteurs du mouching, et pour cause, puisqu’il a participé à plusieurs films avec Cyril. Voici Grégoire Ribert en interview.

Salut Grégoire, peux-tu nous faire une petite présentation?

Je m’appelle Grégoire Ribert, je suis né en 1978 à Compiègne dans l’Oise et je suis parti pour le Limousin après mon bac. Je suis guide depuis 2005, j’habite à Argentat-sur-Dordogne où je guide une bonne partie de l’année quand je ne suis pas à l’étranger.

Quand et comment as-tu débuté la pêche ? Et en ce qui concerne la mouche?

Je ne pourrais pas te dire exactement quand j’ai tenu pour la première fois une canne dans les mains.
J’ai grandi avec une rivière (l’Aisne) au bout de mon jardin, mon père était pêcheur et il m’a toujours emmené avec lui aussi loin que je me rappelle, où que nous allions en vacances nous pêchions, mer, montagne…Certain emmène la télé nous, c’était les cannes. Il m’a transmis le virus et nous avons toujours essayé de pêcher ensemble quand c’était possible, jusqu’à sa mort.
En ce qui concerne la mouche, c’était en 95, je suis tombé, dans la cave, au milieu de tout le matériel de pêche que nous avions, sur une canne plateau et un moulinet Mitchell à ressort…la curiosité l’a emportée et ma vision de la pêche a définitivement changé !

Peux-tu nous raconter ton premier poisson?

Mon premier poisson non, je ne m’en souviens pas !
Mais je me souviens de mon premier « gros » poisson « une grosse perche ». J’étais haut comme trois pommes et j’avais vu un banc de grosses perches sous le ponton. À cette époque je n’avais pas encore le droit de pêcher avec autre chose qu’une petite gaule…Je me souviens avoir demandé à mon père un lancer et un poisson d’étain pour le dandiner, je l’avais déjà vu faire plusieurs fois…Quand j’ai vu l’excitation provoqué dans le banc par les éclats du poisson, j’avais moi-même les yeux qui brillaient et quand cette grosse perche a gobé le poisson j’avais l’impression d’être le roi du monde…
Depuis, j’ai une foule de souvenirs, mais la sensation que j’ai ressenti ce jour-là je m’en souviendrais toute ma vie.

Quelle est ton espèce préférée et pourquoi ?

Je prends plaisir à pêcher tous les poissons, des poissons blancs aux poissons de mer du moment que c’est à la mouche et que ce n’est pas gagné d’avance !
Après, j’ai un faible pour les salmonidés et le brochet. La truite est un poisson fabuleux et farouche. L’ombre est magnifique et sa pêche l’est encore plus, un banc d’ombres peut être attablé et quasi imprenable…Quant au brochet, il me fera toujours rêver, ses attaques en surface sont impressionnantes et c’est l’un des tous premiers poissons que j’ai pris à la mouche, étant originaire d’une zone où l’on trouve essentiellement des rivières de secondes catégories.
brochet mouche

Parlons maintenant un peu de ton métier. Est-ce que c’est un rêve de gosse qui est devenu réalité ?

Mon rêve de gosse était de bosser dans la nature, de courir le monde comme les grands naturalistes et aventuriers du passé. Quand j’étais à la Fac, je suis tombé sur une pub pour le « BPJEPS pêche de loisir » pour devenir guide de pêche ma passion depuis toujours. Je me suis alors souvenu du catalogue chasse pêche de Jet tour qui me servait de livre de chevet quand j’étais petit et ça a fait tilt ! Je pourrais peut-être allier ma passion et mon envie d’aventure ! Là, tout s’est enchaîné, Les étoiles se sont alignées si l’on peut dire. Un des tous premiers guides de pêche, JP Coudoux pour ne pas le citer, m’a pris sous son aile, il m’a présenté son réseau et ses amis, dont Olivier Lauzanne et Anthony Auboiron de l’agence de voyage « Planet FLY Fishing » qui comptait les plus grands guides de pêche à la mouche français. Et depuis maintenant 15 ans je guide en France et à l’étranger.

Comment se déroule une journée ou un séjour avec toi ?

Bien ! Enfin je l’espère…

Donne nous envie de découvrir la pêche en Corrèze, en Slovénie et en Laponie suédoise!!

Dans cette question tu me demandes de parler des trois endroits dont je suis amoureux ! Ça va être long…
La Corrèze…comment dire…j’y suis passé par hasard et j’y suis resté !
J’y ai trouvé l’Eden, un grand jardin d’eau et de nature.
Je suis venu à Limoges pour faire la fac de bio, un choix décidé sur une carte IGN en fonction de sa situation géographique, quasi égale distance Paris/Toulouse, mer/montagne (Atlantique/ massif central), le limousin est aussi très arrosé alors pour un pêcheur c’était un vrai plus. Pour la pêche j’ai traversé le limousin de long en large.
C’est ma compagne qui m’a vraiment fait découvrir la Corrèze, malgré qu’une partie de ma famille en soit originaire. Elle m’a convaincue de faire une saison d’été quand j’étais étudiant, sur les bords de la Dordogne « serveur au camping du Saulou » près d’Argentat et là, ce fût la révélation. Je connaissais la Dordogne qui est majestueuse et poissonneuse mais j’y ai découvert les gens, le climat, les grands lacs.
La Corrèze, c’est plus de 5000 km de rivières et 4000 ha de plan d’eau…

Pour la Slovénie, c’est aussi une histoire de cœur, mon premier voyage de pêche en tant que guide !
Je l’ai découverte avant qu’elle ne rejoigne l’Europe, JP Coudoux m’y avait emmené pour me présenter ses contacts et faire le tour du pays pour me montrer à l’époque quelques-uns de ses spots.
Une révélation pour un pêcheur amoureux de la nature. De magnifiques parcs nationaux, un pays fabuleux au niveau de la géologie. Les eaux sont cristallines, on pourrait même, par endroit, oublier qu’il y a de l’eau, si l’on n’y voyait pas des poissons !!
De plus, les gens sont gentils, la cuisine est à tomber par terre, il y a aussi de très bons vins et la pêche y est fabuleuse. On peut pêcher en sèche, en nymphe à vue, de la truite, de l’ombre, sur le bassin Sava vous pourrez même croiser des huchons.
Et de la France, c’est accessible en voiture… Comme me dit souvent un ami qui ne supporte pas l’avion !!

Et la Laponie suédoise, pour moi c’est le Grand Nord !

suede+laponie
Imagine ! Après une escale à Stockholm, un vol intérieur, on t’embarque dans un hélico direction un camp à 30min de vol…Là, quelques cabanes, un sauna géant, pas d’eau courante, des toilettes sèches, des rennes et des élans qui ne prêtent même pas attention à toi et une grande rivière avec truites, brochets et milliers d’ombres !…
On n’est pas obligé de le faire comme ça…. mais en tout cas, c’est une région sauvage avec de nombreuses rivières magnifiques et très très poissonneuses. Un passage obligé pour tous pêcheurs amoureux de nature et de grands espaces!

Peux-tu nous montrer ta mouche favorite et pourquoi ?

C’est une mouche que je monte et que j’utilise pour pêcher les truites toute au long de la saison sur la Dordogne, plutôt en bordure et en taille #10 ou #12. Ça imite une émergente de grosse éphémère comme on en trouve chez moi.

emergente echdyo

Quels sont tes prochains projets ?

J’ai toujours des projets plein la tête !
Avec deux autres amis guides nous avons monté la Compagnie Jp Coudoux, qui est un regroupement de guide avec une charte qualitative de travail et de respect de l’environnement.
Le but est la mise en commun de nos connaissances au niveau des rivières et des hébergements à l’étranger pour proposer une plus large gamme de destinations et une qualité de service. Nous sommes maintenant sept guides et nous avons de plus en plus de destinations exclusives à travers l’Europe et le monde. Avec mes amis, je continue donc à faire évoluer ce projet, trouver de nouveaux spots pour satisfaire les pêcheurs. La recherche de destination fait partie de notre métier.
Toujours des projets de film avec Cyril.
Je monte de plus en plus de mouches.
Avec les récents événements et l’obligation de ne pas sortir, j’en ai profité pour m’intéresser à tout autre chose. J’aime beaucoup les couteaux et je me suis lancé dans leurs fabrications !

Que fais-tu quand tu ne travailles pas ?

En saison c’est pêche non-stop, clients ou pas je suis au bord de l’eau, je suis guide à plein temps. Alors hors saison, je profite de ma famille!

Peux-tu nous raconter l’envers du décor du film en Slovénie avec Marc Boesch et Cyril?

Le film en Slovénie fût pour moi et je pense pour Marc et Cyril aussi un vrai moment de plaisir.
Les sociétés de pêche nous ont magnifiquement accueillies, nous avons pu pêcher des tronçons habituellement interdits à la pêche.
Marc et moi venons généralement en Slovénie ou dans les autres pays pour guider et lorsque l’on guide, on ne pêche pas. Les seuls moments où l’on pêche c’est pour les reconnaissances et quand c’est bon, on ne s’attarde pas ! Il faut voir un maximum de spots.
On a pu prendre notre temps et pêcher ensemble. Après il a fallu se caler, nous n’avons pas tous le même rythme de vie et le même caractère. Et si ça ressemble à des vacances, nous étions quand même au boulot !…On voulait prendre chacune des espèces slovènes, montrer au maximum la sublime beauté de ce pays, de ces rivières et mettre en avant la sympathie et l’amitié qui nous lie à nos amis slovène.

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Nous ne pouvions être en Slovénie sans aller diner à l’hôtel Hvala à Kobarid chez notre ami commun Ales. C’est une personne formidable que nous connaissons depuis des années et l’hôtel restaurant est une affaire familiale que son père tenait avant lui et dans laquelle travaille aussi sa sœur, sa femme, son beau-frère et maintenant son fils. Un passage obligé et une table excellente.

Quel est ton livre de chevet?

J’aime beaucoup les traductions faites par les éditions Gallmeister, de roman américain comme Ceux de John Gierach, « même les truites ont du vague à l’âme » « Truites & Cie » il y en a toute une série… Si l’on aime la pêche, on est sûr d’accrocher !!

Quel genre de musique t’écoutes ?

Je suis très ouvert côté musique, j’aime la musique, c’est une chose indissociable de ma vie. Je varie les styles en fonction de mes activités et des moments de la journée. Mais j’ai un faible pour le reggae! Du matin au soir on peut trouver un morceau qui accompagnera parfaitement le moment présent.

Merci et au plaisir de se croiser au bord de l’eau.

 

Vous pouvez le contacter via son site web: www.argentat-guide-peche.com