C’était en gare de Clermont-Ferrand. Installé au bar (miteux ce bar, Messieurs de la SNCF !) j’avalais avec peine un sandwich jambon beurre ( miteux, cette nourriture ferroviaire, Messieurs de la SNCF !) lorsque je fus abordé par un individu d’allure quelque peu suspect.

– Excusez-moi monsieur de vous déranger, mais je vois à vos pieds,  parmi vos bagages un étui de canne mouche de marque… (publicité non encore réglée par cette marque. Notre patience a des limites !). Il se trouve que je suis moi-même un amoureux de cet art. Puis je m’assoir à votre table et échanger quelques réflexions avec vous ?

– Faites donc. Je vous en prie !

– Vous allez à la pêche, sans indiscrétion ?

– Eh oui, sans rien vous cacher. Je travaille pour le célèbre blog « le Mouching » et me rend en reportage sur les marais salants de Vendée, où l’on dit que l’on peut capturer des anchois à la mouche. Vous n’ignorez pas , j’en suis sûr, que ces poissonnets sont friands de sel, n’est-ce pas ?

– Oui, bien sûr. Ce n’est un secret pour personne…. Il se trouve que je suis moi-même un ardent supporter du Mouching où je lis régulièrement, avec délectation vos histoires et rêve des heures entières grâce à vos vidéos si passionnantes … Aussi j’aimerais vous entretenir d’une idée qui me hante depuis maintenant des lustres.

– Je suis tout ouïe !

– Et bien voilà. Il y a maintenant une dizaine d’années de ça, je fus pris du virus (ô combien inoffensif, je croyais naïvement !) du montage des mouches artificielles. En peu de temps, je devins un expert en la matière, grace à une habileté congénitale; ma maman étant dentellière au Puy et mon papa fabriquant de microscopes pour nains.

Le montage des grands classiques comme les sedges aux corps couverts de paillettes d’or fin ou de libellules aux yeux rieurs, n’eu rapidement aucun secret pour moi.

Le challenge suivant fut de monter ces mouches en un temps record et j’arrivais quelques mois après a confectionner les modèles les plus compliquées, en deux temps trois mouvements. Pour vous donner un exemple, il m’arrivait d’achever le montage d’une sauterelle ultra réaliste en moins de deux minutes. Ce qui n’est pas banal, avouez-le ?

– Je l’avoue sans difficulté aucune.

– L’étape suivante fut de réaliser des mouches odoriférantes car, chacun sait que nos amis les poissons sont attirés, comme aimantés, par des subtils parfums.

– C’est rigoureusement exacte, cher Monsieur mais malheureusement, la fabrication de telles mouches n’a jamais été couronnée de succès.

– J’y arrive, un peu de patience. C’est à ce moment de ma vie que je fis la rencontre d’Anna, une magnifique femelle originaire de Biélorussie. Grande blonde aux traits d’une finesse remarquable.

Un beau jour, alors qu’elle faisait la sieste dans le plus simple appareil, les bras croisés derrière la tête, l’idée me vint de couper aux ciseaux les touffes abondantes de poils qu’elle avait sous les aisselles et de la volumineuse chevelure dont son pubis était orné.

Quel merveilleux streamers odorants, quels sublimes corps d’imago je pourrais tresser  grâce à ces poils souples et parfumés…

Lorsque la belle Anna se réveilla, et constata la disparition de son système pileux, elle se mit dans une colère noire et, à l’aide d’un manche à balai me chassa de la maison en me gratifiant de noms d’oiseaux dans son jargon ex -Soviétique. »«— Нашли дураков! — Визгливо кричал Паниковский. — Вы мне дайте Среднерусскую возвышенность, тогда я подпишу конвенцию.! »

Et aujourd’hui, cher Monsieur, j’aimerais offrir ma science et mes services à votre noble blog du « Mouching » .

Si vous aviez l’amabilité de me donner l’adresse de leur bureau, je vous en serai éternellement reconnaissant.

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Je lui  griffonnai rapidement sur un coin de nape l’adresse du palais de l’Élysée, pensant qu’un tel con devrait avoir une place de choix dans cet établissement hautement célèbre pour héberger. une très forte concentration d’individus atteint du même handicap.