Je pars cet après midi sur les bords de la Nive, près de Saint Martin d’Arossa.
J’y ai des amis dont la maison borde la rivière. A mon habitude, je revêtirai mon beau costume de toréador, la réplique exacte de celui que Luis Mariano portait lors de son spectacle au théâtre du Châtelet en 1959, et qui me porte chance quand je pêche au pays basque. Les autochtones sont souvent étonnés de me voir ainsi vêtu au milieu de la rivière mais je ne fais pas attention à leurs quolibets, j’aime me déguiser pour pêcher, c’est ainsi que je suis moi-même, et donc du coup je pêche mieux.
Après la pêche, je mangerai sans doute de bonnes et belles saucisses de Cambo cuites doucement avec des piments d’Espelette, les piments ont toujours eu sur moi cet effet délicieux qui fait que je saute à pieds joints sur les tables et qu’à gorge déployée j’entonne de belles chansons de la région : « Bidassoa » ou « Agur AGur » par exemple, parfois mon répertoire dépasse les frontières de la contrée et j’entonne « la belle de Cadix », c’est à chaque fois un franc succès.
Il m’est même arrivé, une fois, alors que vêtu de mon costume d’opérette je pêchai la Nive de Baïgorri, de pousser, à la prise d’une magnifique truite fario de 45 cm, le célèbre cri de Tarzan qui résonna de vallée en vallée.
J’ai lu dans la presse le lendemain matin que l’ours Franska, sans doute affolée pour une raison inconnu, c’était faite écrasée sur la voie express non loin de Pau.

 

Je suis donc arrivé sur le no kill de Saint Martin d’Arrossa, en aval de St Jean Pied de Port (j’en ai l’eau à la bouche).
il y avait plein de baigneurs et des familles entières trempaient au milieu d’un immense plat.                    Sur les rives trois filles bronzaient nues mais elles n’étaient pas très jolies, par contre de les voir se passer de la crème à bronzer sur la poitrine était délicieux  et valait bien l’heure de route qui m’avait menée sur le parcours. Trois jeunes enfants de 14 à 12 ans, environ, n’avait rien perdu du spectacle.                            Plus tard, alors que j’étais au milieu de l’eau tel un héron, j’essayai de lancer ma mouche sous les arbres de la rive  d’en face où j’avais repéré un gobage.                                                                                                Les trois garçons descendaient la rivière en nageant comme des crocodiles pour aller observer les filles nues de plus près. Leur technique les fit passer entre la truite et moi, ce qui eu pour effet de la caler.         Je leur fit remarquer qu’ils n’étaient pas très discrets dans leur approche de sioux et que les filles avaient remarqué leur cinema et qu’elles se couvraient. Leur réponse fut de m’éclabousser en nageant à grands coups de jambes… puis une fois qu’ils étaient sur la berge et que je leur jetai un regard noir, ils en profitèrent pour lancer quelques pierres dans l’eau ce qui du traumatiser les poissons à la ronde. 

Agacé, je décidai de quitter le parcours pour m’enfoncer plus avant dans la partie amont, sur le « kill ».        La rivière était alors dans une gorge, délimitée par un pont routier et plus loin un pont de chemin de fer. Un beau radier m’attendait. A la nuit tombée alors que je remontai dans les buissons une pente abrupte, je me remémorai ma partie de pêche : douze poissons, que des farios, dont une magnifique de 43 cm ! les autres faisaient entre 30 et 35. 
Je remerciais les trois chenapans de m’avoir fait quitter le no kill, baignade municipale pour des eaux moins fréquentées et accueillantes.
Je suis rentré à Arcangues en fumant un formidable cigare de la maison Partagas.

CK

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