« Que je suis heureuse de vous avoir tous à dîner ce soir ! » s’exclama Colette Vogin (nom d’emprunt) en levant son verre de Châteauneuf-du-Pape. Nous firent de même, tous, le sourire aux lèvres et les yeux mouillées d’émotion.

Il est nécessaire de vous dire, chers lecteurs que les 14 personnes, (dont votre serviteur,) réunis autour de la table de l’hôtel particulier de Colette dans L’Ile Saint Louis, furent dans le passé les amants de la demoiselle qui en était friande et qui en changeait aussi rapidement que de changer de parfums ou de crèmes dépilatoires. (Elle fut d’ailleurs une des premières adeptes du « sans poils intégral» en France.)

Nous étions, tous les 14, fous amoureux d’elle, lui faisant porter des gerbes de fleurs les plus exotiques et les plus chères, lui offrant des places réservées dans les loges les plus recherchées des opéras européens. Bref, en un mot, nous étions tous ses heureux esclaves.

La raison, me demandez-vous ? C’est bien simple. Colette, en plus d’être une femme d’une beauté éblouissante qui faisait tourner les têtes de tous les hommes qu’elle croisait, était également une bête de sexe. Jamais rassasiée, la Colette. Lorsque, éreinté, je quittais sa chambre à cette époque-là, c’était toujours sur les rotules avec la curieuse sensation d’avoir passé la nuit avec une moissonneuse-batteuse dégénérée. Il me fallait alors, plusieurs jours de convalescence.

Et mes amis d’infortune, victimes heureuses comme moi, assis ce jour-là autour de la table,en gardaient certainement des souvenirs de bonheurs intenses mêlés de cauchemars scabreux.

Malgré, et à cause de nos histoires torrides, nous continuâmes à entretenir des relations d’amitié profonde avec Colette bien après la fin de nos débaucheries.

Et ce soir-là, après force bouteilles de grands crus, l’ambiance était au beau fixe. Après les profiteroles, Colette, très éméchée, releva sa robe et mis les pieds sur la table :

« Je me souviens très bien de toi, Gustave, qui m’avait assuré un soir que ma vulve avait une forte odeur de sardines. Me trompai-je ?

« Oui, dit Gustave, tu te mets le doigt dans le … Je n’ai jamais dit « sardines » mais  »truite fario ».

« Et toi, Louis, qu’en penses-tu ?

Louis se leva en titubant, s’approcha de Colette, sa tête disparue  un instant sous les jupons de la frivole et déclara : « Ni sardines, ni truite ! Je dirais, en ce qui me concerne « hareng de la Baltique ».

À ce moment, Paul pris le relais de Louis et nous assura :

« Pas d’accord ! Pour moi, aucun doute, l’odeur de la chatte céleste est celle du poulpe de Méditerranée ! »

Hervé s’insurgea et après avoir mis son long nez dans l’admirable fente de notre amie à tous:

« Poulpe mon cul !. Le parfum de la zézette de notre chère hôte n’est ni plus ni moins que celui de la crevette de Madagascar ! »

Colette alors s’adressant à moi :

« Flèche, toi qui as des narines si raffinées, plonge les un instant dans mon orifice et fais nous part de tes conclusions.

J’obtempérai et après mûres réflexions :

« En ce qui me concerne, le doute n’est pas permis. L’odeur de la fente royale de Colette est un mélange parfait de merguez, de saucisses de Morteau et de saucisson à l’ail

. »

Après cette soirée mémorable, nos relations s’estompèrent petit à petit.