gendarme-flash

Nous venions tout juste de débarquer dans notre baraque. Adieu New York, bonjour l’Ardèche et ma nouvelle canne SAGE bien au chaud dans son beau fourreau. Non, pas une de ces cannes pour millionnaires rois du pétrole mais la seule que mon porte-monnaie avait réussi à m’offrir. Du très bas de gamme mais il y avait écrit SAGE  sur le manche en belles lettres d’or et ça faisait mon affaire. Pas le temps de défaire mes bagages que j’avais les pieds dans la flotte et mon nouveau jouet dans la main. Je m’en foutais des poissons; tout ce que je voulais c’était de sentir le poids de la ligne qui se tendait derrière mon dos, la fabuleuse sensation d’équilibre lorsque l’on fait quelque chose de juste. Seulement un instant ! Et c’est cet instant qu’avait choisis également la brigade de gendarmerie de St Paul le Jeune pour casser les couilles des pêcheurs de la région.” Vot’ permis” Ah! les cons, comment voulaient ils que je trouve un permis LE DIMANCHE DE MON ARRIVEE ? ” Il y a un bureau de tabac à St Paul. On y vend des permis !” me dit le chef des pandores, un type à sale gueule. Il y a des jours où les flics ont des trognes acceptables et d’autres non. C’était un mauvais jour, ce dimanche là,manque de bol ! Alors, fourbe comme le roi des fourbes, je tente :” Bon, d’accord Monsieur (le gros con de poulet) vous avez raison. Mais, si je m’acquitte illico de ce document et je viens vous le montrer à la gendarmerie…vous seriez assez aimable de me retirer ce PV bien mérité ?”  Après quelques très longues secondes de réflexions (euphémisme) le sbire me grogne un “OK”. Ouf ! Je reviens de loin pensais-je naîvement en quittant une heure après les bureaux puants le tabac froid du commissariat car…3 semaines plus tard, m’arrive une belle enveloppe de la gendarmerie de St Paul renfermant  un PV de 900 francs. Alors là, la colère, la vraie de vraie colère couleur de sang et de caca me monte au cerveau. Les raclures, les enculés, les nazis… je fonce alors dans mon atelier la bave aux lèvres, m’empare d’une grande toile vierge et, rageusement, peins une gueule féroce, laide à faire peur, hâtive, couverte de haine sur laquelle, j’écris en grosses lettres rouges : HONTE SUR LE GENDARME DE ST PAUL QUI M’A FAIT PAYE 900 FRANCS POUR DEFAUT DE PERMIS DE PECHE.

Deux mois après cet incident, un célèbre collectionneurs d’Art Contemporain de visite dans mon atelier me signa un chèque de 10 000 francs pour mon portrait du gendarme.

Dès fois, l’illégalité,ça peut rapporter gros.