Lorsque j’ai vu débarquer Ollie Owens, mon guide de pêche à Hawaï, j’ai dû me frotter les yeux pour être sûr de ne pas avoir la berlue.

Pourtant je n’avais pas fumé de la Maui Wowie, leur célèbre herbe atomique, ni bu plus qu’à l’accoutumée. Mon guide ressemblait à un obélisque ou plus exactement à Obélix . Une coupe de cheveux à la rasta, bref, la sorte de type qui ferait fuir en hurlant n’importe quelle fille blanche chrétienne de bonne  famille du Mid West. Plus grand et gros que la vie, une voix qui faisait vibrer les murs et lorsqu’il ouvrait son énorme bouche pour rire (ce qu’il n’arrêtait pas de faire) il était difficile de prévoir à l’avance si c’était pour raconter une bonne blague ou, tel un ogre pour vous dévorer. Un peu plus tard, il me raconta qu’à un moment de sa vie, afin de nourrir sa famille il avait été garde du corps, ce qui ne  m’étonna pas une seconde.

Très vite, je compris que le père Ollie était en réalité le plus charmant guide et le plus compétent que je n’avais jamais osé rêver rencontrer, et que si vous avez un jour la chance de traîner votre canne du côté d’Hawaï, ne cherchez pas plus loin, vous ne trouverez pas mieux que ce type là.

Au bout de 3 secondes il se rendit compte (c’est facile !) que ma compétence de lanceur de mouches de mer était très relative et il prit une bonne demi-heure pour me mettre au parfum : lancers horizontaux, tourner le poignet comme il faut et tout le toutim dans son langage imagé quasi poétique afin « que ça ne te fasse pas mal dans ton retour en avion »  allusion aux regrets futurs…. Car ne vous y trompez pas, Ollie n’est pas un guide dans le sens classique du terme, un type qui prend du pognon aux touristes , quoi qu’il arrive. Non, cet homme ne pense qu’à une chose : « Le pêcheur a rêvé pendant des mois et dépensé une partie de sa retraite afin de capturer un de ces énormes bonefish hawaïen  dans une des îles paradisiaques de cet archipel et je me dois de tout faire pour que son rêve devienne réalité « . Et s’il y a une chose que j’ai apprise en pêchant avec Ollie, c’est que sur les flats d’Hawaï, les bonefish ne sont pas légions mais qu’il y a une sacrée cerise sur le gâteau. C’est que ces poissons sont ENORMES. Les 10 livres et bien plus ne sont pas rares (18 livres est le record !)

Ça faisait trois bonnes heures que nous  arpentions ce flat et tout était contre nous : le vent, les nuages qui transforment soudain l’eau en miroir et mon incapacité notoire à distinguer ces satanés poissons,  lorsque mon oeil fut attiré par une vision qui me fit instantanément oublier la pêche. Une fille magnifique venait d’arriver seule sur une petite plage, là-bas, à même pas une centaine de mètres d’ou nous nous trouvions. Elle déplia une serviette de bain et afin de bien l’étaler sur le sable, se pencha en avant, m’offrant l’image de son splendide cul qui pointait vers le ciel. Malgré ma vue baissante, les détails de la belle occupèrent totalement mon esprit. Putain, qu’est-ce que je fiche avec une canne à mouche à la main au lieu de ma bite ? Et c’est bien sûr à ce moment qu’Ollie me glissa à l’oreille : « Flèche, là … juste devant toi, à 20 m…BONEFISH ! Go for it ! »

Tout occupé au cul de la baigneuse, j’envoyais ma mouche comme le plus maladroit des débutants. Elle  atterri exactement là où il ne fallait pas : sur le crâne du poisson qui détala bien sûr comme un éclair. La pêche s’arrêta là. Et en plus, pour que ça fasse encore plus mal dans l’avion, lorsque nous rejoignîmes  la plage, en passant devant la naïade, je m’aperçus à quel point ma vue était défaillante et à quel point le cul de la belle était gros, gris et pas appétissant pour deux sous avec ses rides et cet horrible maillot de bain décentré d’une vulgarité affligeante. IT’S GONNA HURT IN THE PLANE !!!!