Le mouching, fly fishing, mémé« Allô, mon petit Flèche ?… C’est moi, ta mémé… Écoute mon petit Flèche… Je lis régulièrement tes histoires dans le Mouching… Oui, elles m’amusent beaucoup… Surtout celles un peu cochonnes… Oui… Bon, écoute. J’aimerais bien que tu m’apprennes cette pêche à la mouche dont tu es si friand… Ça a l’air rigolo… Quoi ?… Qu’est-ce qu’il a mon âge ? Dis donc… Reste poli, mon petit… Bon, d’accord pour demain après la sieste, je serai chez toi ! »
Il faut que je vous dise, cher lecteur, que la mémé en question a fêté ses 96 ans le mois dernier et qu’elle  ignorer ces chiffres à la noix , leur crache à la gueule et que Solange (c’est son petit nom) continue son existence comme si elle avait 30 ans. Une telle énergie relève du mystère qu’aucun médecin, jusqu’à présent n’est n’arrivé à élucider. Solange se tape son heure de marche à pied à toute allure, tous les jours, bat tous les cadors locaux à la brasse papillon et cuisine le haricot de mouton pour 20 personnes tout en dansant la rumba que Perez Prado hurle à fond sur son tourne disques préhistorique.
« Il marche très bien, mon TEPAZ et je les emmerde les Apple et tous ces trucs japonais qui coûtent la peau des couilles ! »
Le mouching, fly fishing, MobyletteEn tout cas, vers 16 heures, la Solange débarquait chez moi, rangait sa Mobylette rouge dans le garage et nous voilà partis tous les deux à  la rivière, elle sur le siège arrière de ma moto, s’agrippant à mon T-shirt, poussant des cris de joie quand on dépassait des bagnoles.
– Bon,  Que, que je t’explique en deux mots. Tu envoies ta soie derrière toi, là … tu vois  …tu arrêtes la, et hop, quand ta soie est  bien tendue, un petit coup vers l’avant et , délicatement tu te démerdes pour qu’elle se pose sans faire un paquet de noeuds et sans faire fuir les poiscailles. Tiens, regarde !
Et là, j’essaie de ne pas avoir l’air d’un manche dans ma démonstration hasardeuse.
– Bon, Flèche, j’ai pigé, file moi ta canne !
Et là, les amis, je n’en crois pas mes yeux. La Solange fait un lancer que même Madame Lee Wulff  n’en croirait pas ses mirettes. PARFAIT !.
Et le plus invraisemblable est que Solange se paye le luxe de ramener un chevesne de taille très acceptable. Du premier coup !
– Ah, c’est rigolo ton truc !
Moi, je pensais qu’il s’agissait là de ce qu’on appelle la «chance du débutant ». Le mouching, fly fishing,vieille-femme-avec-des-poissonsComme je la connaissais mal, ma mémé car, une petite heure après, la Solange avait sorti de l’eau (et remis à l’eau) une bonne quinzaine de poissons. Et elle se marrait comme une gamine et poussait des cris qu’on pouvait certainement entendre jusqu’à Montélimar.
Un mois plus tard, j’ appris par ma mère, que Solange était partie en Sibérie pour pêcher les saumons car, lui avait-elle dit, les petits poissons, truites et consorts de nos rivières, ce n’était que de la frime pour touristes paralysés.
Et deux mois plus tard, je reçus cette lettre :
« Cher Flèche. C’était très mignon à toi de m’avoir foutu le virus de la pêche à la mouche mais, laisse-moi  te  dire que, sans vouloir t’offenser, c’est quand même un peu une pêche de PD, ton truc. Moi, il me faut du viril. Aussi je t’envoie cette lettre de Cuba, où je me suis mise à la chasse sous-marine et ou j’ai, il y a deux jours, battu le record local avec thon de 180 livres. C’est quand même autre chose que tes truites fario  pour paraplégiques. Allez, je te quitte, je suis invité à bouffer des homards avec Fidel Castro. »Le mouching, fly fishing, doigt d'honneur