Après plus de 80 ans de bonheur apporté à tous les Moucheurs parisien, la célèbre institution La Maison de la Mouche, sur l’île Saint Louis à Paris, ferme ses portes.
Ce sont presque les larmes aux yeux que j’écris ce post.
A chaque fois que je dois remonter chez moi dans le Nord Est de Paris, je me débrouille, malgré les maléfiques embouteillages, pour passer Pont Henri IV et regarder la vitrine de La Maison de la Mouche. C’est un rituel immuable qui me rappelle bien plus que les mouches, les zigouigouis et tout le matos que comme tous les moucheurs parisiens, j’y ai acheté. C’est surtout là où l’on peut rêver, cettte part de rêve si importante pour nous, qui sommes si loins des rivières.
Hélas ce matin, mon œil était interpellé par la devanture qui aujourdh’ui était différente, de grands panneaux obstruaient les vitrines. Je me suis dit ce sont les soldes qui commencent aujourd’hui, mais en m’approchant, coincé en tre un bus et les autos, je lu en belles lettres rouges sur fond jaune, à la manière des pubs de zone commerciales, si lointaine du chic de la Maison Dubos (car c’est aussi comme ça qu’elle s’appelle) : LIQUIDATION TOTALE ! TOUT à -50% ! Mon sang ne fit qu’un tour ! Quoi ! La Maison de la Mouche ferme ses portes ! Je n’en croyais pas mes yeux ! Je croyais comme tous les amoureux de la pêche, cette maison immortelle, borne intemporelle de notre passion. Je me souviens quand petit, Monsieur Dubos m’avait proposé de partager du pâté avec lui et la bande d’amis qui l’entourait, je me souviens de regarder en rêvant le canoë suspendu au plafond, je me souviens que c’est là que travaillait mon ami Atsushi Hashegawa, mais aussi Jérôme Servonnat et tant d’autres passionnés qui avaient trouvé leur bonheur en donnant de leur temps pour cette maison. Je me souviens quand Alain et son épouse ont repris la boutique, nous y avons tous trainé. Et voilà, les vieilles dames propriétaires sont mortes, leurs héritiers ont d’autres préoccupation que les vieilles boutiques de pêcheurs et le bail n’a pas été renouvelé. Ceci restera maintenant un souvenir et c’est la larme à l’œil et le cœur sérré que j’écris ces lignes. En tous cas, MERCI !
Si vous ne connaissez pas, allez y faire un tour, en plus vous ferez sans doute de bonnes affaires, hélas, mais tant mieux pour vous.
Voilà ce que Laurent avait écrit pour les 80 ans de la Maison De La Mouche, en 2014 :
La Maison de la mouche est une institution parisienne. Depuis 80 ans maintenant, elle raconte la légende de la pêche, entourée d’un peu de ce qui reste du Paris médiéval, en face d’un petit parc, et surtout à quelques mètres de la pointe amont de cette île qui partage le courant de la Seine. Chaque fois que je passe là, je me souviens des matins étudiants, où l’on remontait encore ivres du Marais vers la Sorbonne, et où toujours je faisais halte devant les Tibor de rêve qui brillaient dans la vitrine. Les autres allumaient une clope, goguenards, et je les rejoignais en sachant qu’ils ne comprendraient jamais. Les années passent, et au fond moi non plus, je ne comprends pas vraiment.
Mais le week-end dernier, il n’était pas question de nostalgie. On était là pour fêter la Maison, et plus encore la mouche. Il y avait les gars de Simms (en particulier Stephan Schmid, FlyFishEurope) qui racontaient leur matos avec un enthousiasme communicatif, il y avait Marco Crippa (de Swiss CDC) derrière son étau qui montrait quelques bons trucs à base de cdc et des outils de Petitjean, et puis surtout un va et vient incessant vers la Seine, parce qu’il y avait Thibaud Giband qui faisait de la démo et du cours et de la clinique, et à peu près tout ce qu’on peut faire quand on est un des rares instructeurs certifiés EFFA et FFF (et aussi SIM et FFPML…), qu’on est un casting geek stade terminal, et qu’on a décidé de partager avec tous ceux qui veulent bien. Il y avait aussi Sascha Bachman (Simms/Scott…) qui a bien passé une heure de sa vie à essayer de faire quelque chose pour mon roll cast uptsream dans le vent, avant de conclure poliment que c’était sans doute une question de chance.
Le soir venant, les plaisirs de la soie ont cédé le pas aux plaisirs de la chère. Un jeune homme du 38 Saint Louis, l’épicerie du coin, était venu à la demande du patron pour nous offrir un de ces gueuletons mémorables sans lesquels on ne devrait jamais finir pareille journée. Au milieu des fromages raffinés et des vins somptueux, Marco dirigeait les convives à l’étau, afin que chacun laisse son tour de dubbing sur la Mouche du 80ème, plus tard dûment encadrée et signée par les auteurs. Bien entendu, après une telle débauche, il fallait bien que la monomanie reprenne ses droits, et Thibaut nous a montré sur le trottoir nocturne qu’on pouvait se passer de canne et dérouler de la soie en se servant juste des ses mains.
Le lendemain, sous la pluie et dans le vent, c’était reparti, pour du lancer à deux mains cette fois. Et puis une petite séance fibre de verre, histoire de prendre une leçon sur l’application progressive de la puissance… Bref, comme on vous l’avait dit, comme on s’y attendait, ce fut un week-end de rêve… La prochaine fois passez nous voir !