» Pour les barbeaux, mon cher Flèche, la meilleure des nymphes, c’est celle-là. » m’affirme mon ami Pascal en ouvrant sa main contenant la merveille des merveilles, la nymphe qui va me sauver de mes innombrables bredouilles..

Et c’est vrai qu’elle a une sacrée gueule, sa nymphe chérie. Belle comme une actrice italienne, toute bronzée avec ses jambes en plume de faisan et ses nichons blancs nacrés en fibre d’antron. Impossible de ne pas penser à Sylva Koscina, la star incomparable des célèbres films de gladiateurs qui enchantèrent mes nuits d’adolescence, la belle Sylvia des « Travaux d’Hercule »… la même petite tête dorée… Bon enfin je m’aperçois que je digresse déjà. Où en étions-nous ? A oui ! La nymphe du Pascal. Avant que j’ai eu le temps de monter ma canne, le Pascal est déjà accroché à un barbeau de belle taille. Puis, un second et un troisième suivent, sans attendre.

« Flèche, regarde… Deux d’un coup. Un second sur la sauteuse ! »

(En parlant de sauteuse, la Sylva…)

 

Le Pascal qui a pitié de moi , me fait don de deux de ses nymphes favorites ( il est comme ça Pascal !) et me voilà tel un héron…Putain, c’est vrai qu’elles sont miraculeuses ses nymphes. À peine ai-je jeté mon fils dans l’eau …ET MERDE DE MERDE !! Ne voilà-t-il pas qu’une saloperie de canoë me percute la jambe et me fait perdre l’équilibre… Et mon poisson. Vous croyez certainement que le crétin à la pagaie en chewing-gum se serait excusé ? Vous rêvez ou quoi ? Tout ce que trouva à me dire ce gomeux  à lunettes de soleil et T-shirt rose, c’est : « Et toi là, fais gaffe à ton fils ! »

Et là je vous jure que j’ai regretté d’avoir oublié mon lance-flamme au garage. Je lui aurais carbonisé la gueule avec un sourire à la Michel Simon. Et même la gonzesse à l’arrière du canoë, laide comme un furoncle, une connasse qui ricanait sottement, je l’aurais noyé comme on noie un chaton encombrant : sans même y penser, en sifflotant une chanson Napolitaine.

Malgré mon bleu à la cuisse, je me remets à pêcher et, juste quand je vois mon fils s’arrêter, signe infaillible qu’un poisson a trouvé la nymphe à son goût, un autre canoë passe devant moi et je loupe le ferrage. Il faut vous dire que, dans cette embarcation là, trône une fille plus belle et plus bronzée qu’un croissant au beurre. Et en plus elle m’octroie un sourire, mais un sourire… (Heureusement que je suis dans l’eau jusqu’a la taille afin de cacher mon émoi.)

C’est seulement une bonne demi-heure plus tard que cette magnifique carpe (voir la photo prise par l’ami Pascal Toral, photo qui flatte si agréablement mon égo … ) me fit tourner en bourrique. Elle me traîna dans le lit de la rivière pendant au moins trois jours (bon, d’accord, j’exagère peut-être un peu. Mettons : 20 minutes !)

Bon d’accord, ce n’était pas avec les nymphes de Pascal que je capturai ce magnifique poisson. Et puisque c’est vous, chers fidèles lecteurs du Mouching, je vais vous gratifier d’un secret.

MA MOUCHE A CARPE.

Munissez-vous d’un hameçon balèze. Le corps de cette nymphe est tout simplement une imitation de pain réalisée avec de la farine de blé, de l’eau, de la levure et une pincée de sel. Mettre au four une bonne demi-heure. Et si ça ne marche pas, vous pouvez toujours mettre une tranche de jambon et un cornichon entre deux de ces mouches et vous tapez ainsi un fameux casse-croûte.